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Avant première : Petite Lady, sortie prévue en mai 2009

Publié le 11 janvier 2009 par Plume

« Nous nous sommes étonnamment écartés de notre route ! » Déclara Martin qui, penché au dessus du bureau, étudiait les cartes depuis une bonne heure.

Ashley s’approcha et l’observa attentivement. Martin semblait soucieux. Il leva la tête vers elle, tendu. Ashley lui sourit gentiment. Il se laissa aller contre le dossier du fauteuil dans un geste de profonde lassitude et poussa un soupir :

« Regardez, Ashley ! Dit-il en pointant l’index sur un point de la carte. Nous sommes approximativement quelque part par là. Or les caraïbes sont nettement au-dessus de notre trajectoire, comme vous pouvez le constater, et la Nouvelle Orléans encore plus. Nous filons droit vers le détroit de Magellan, en plein sud des Amériques !

-   Mais, murmura Ashley, stupéfaite, comment une telle erreur a-t-elle pu être commise ?

-   Je l’ignore. Le Borgne ne nous amenait pas dans les Caraïbes, comme il nous l’a dit. C’est la seule explication. Un marin comme lui ne peut faire de telles erreurs de calcul, c’est impossible.

-   Ne pensez-vous pas que nous… ?

-   Non, nous ne sommes maîtres à bord que depuis deux jours. Nous n’aurions pu faire un tel écart en si peu de temps.

-   Que décidez-vous, Martin ?

-   Il nous faut redresser la navigation, en espérant que tout se passe bien. Je ne connais pas les eaux. Nous allons remonter vers le nord. Cela inclue plus de risques et davantage de jours sur les mers. A quatre pour mener une frégate ! Dans l’histoire de la navigation, je crois bien que c’est une première ! »

Ashley ne put s’empêcher de sourire à nouveau, amusée. Martin la contempla un long moment, une lueur étrange au fond des yeux. Le silence s’installa entre eux, à peine traversé du bruit sourd des vagues heurtant la coque du navire. Rapidement gênée par l’intensité de son regard, Ashley rougit légèrement et se détourna, sans parvenir à s’éloigner de lui, comme toute jeune lady devrait décemment le faire dans une telle situation. Mais il prit soudain sa main :

« Ashley, si nous nous sortons vivants de cette aventure… »

Il hésita une seconde, visiblement confus, puis reprit d’une voix étranglée :

« Ashley, puis-je espérer avoir une chance auprès de vous? Il y a plus de trois semaines que nous avons quitté les côtes de l’Angleterre. Pendant ces longs jours, nous ne nous sommes pas quittés une seule minute, avons frôlé la mort et nous sommes brillamment tirés de situations difficiles. Jamais je n’ai rencontré de jeunes ladies, plus habituées aux salons et à la cour du roi, aussi courageuses et déterminées que votre sœur et vous. Quand votre père me parlait de ses filles, il disait qu’elles étaient merveilleuses. Mais il était encore bien loin de la vérité. Ashley, j’adore votre jeune sœur. C’est une enfant vive, intelligente, absolument charmante. Mais vous, Ashley, vous avez tant de tendresse dans le cœur, tant de grâce et de bonté en vous ! Je crois que… Je crois que je vous aime, comme jamais je n’ai aimé personne… Oh ! Mon Dieu ! Pardonnez-moi ! » S’exclama-t-il soudain avant qu’elle n’ait pu réagir.

Il lâcha aussitôt ses mains et se mit à faire les cent pas dans la cabine, très agité.

« Pardonnez-moi ! Je n’aurais jamais dû vous parler ainsi ! C’était d’une incroyable incorrection ! Vous voulez bien accepter mes excuses, Ashley?

-   Martin… »

Ashley étaient au bord des larmes. Elle le fixait ardemment, incapable encore de croire à ce qu’elle venait d’entendre.

« Oh ! Martin ! Pourquoi… pourquoi devrais-je vous pardonner un sentiment que… que j’éprouve aussi ? Ne l’avez-vous donc jamais compris ? »

Martin Lorient crut que son cœur allait exploser de bonheur. Il s’avança vers elle alors qu’un sourire illuminait ses traits brunis par le soleil, reprit entre ses doigts les mains qu’elle lui tendait.

« Ashley… »

Il l’attira contre sa poitrine, se pencha… Quand il l’embrassa, Ashley sentit ses jambes se dérober sous elle, coupées par une délicieuse sensation de plaisir qui irradia dans tout son être. Elle oublia de respirer, ferma les yeux, et se colla à lui, n’écoutant plus que son corps avide du sien...

Et ce fut ce moment que choisit Amy pour entrer en coup de vent dans la cabine. Habituée à y pénétrer librement, elle n’avait pas pris la peine de frapper et ne put retenir une exclamation de surprise en les voyant étroitement enlacés, lèvres contre lèvres. Ashley et Martin sursautèrent violement. Ils s’écartèrent aussitôt l’un de l’autre, aussi rouges qu’une caisse de cerises bien mûres. Amy les regardait à tour de rôle, muette de stupeur. Puis elle comprit et dut faire un effort surhumain pour ne pas éclater de rire.


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