Magazine Journal intime

Les lunettes, le labrador blanc et la fille à tête de grive

Publié le 22 décembre 2008 par Boo

Un jour, j'ai regardé l'écran de mon ordinateur et j'ai dit à mon chéri " Houston, on a un problème : j'vois plus rien ".

Mon chéri a dit que c'était rien que pour faire mon intéressante. Alors on a fait un concours de celui qui lit du plus loin. Il m'a mis 2 mètres dans la vue.

Il a donc fallu me rendre à l'évidence : je devenais aveugle.
Comme j'ai une tendance prononcée pour la dramatisation shakespearienne, mon chéri m'a suggéré de consulter un ophtalmo avant de songer à acheter un labrador blanc qui s'appellerait Knacki (il a peut-être un peu senti venir l'arnaque, vu que ça fait déjà 3 fois que j'essaie de mettre cette histoire de labrador sur le tapis).

Chez l'ophtalmo, j'ai obtenu en rendez-vous en 2 mois, et puis j'ai attendu 2h avec des femmes qui lisaient Voici et des enfants qui jouaient à "Je suis JamesBond et toi tu serais Cyril de Secret Story".

Comme ça faisait quand même beaucoup d'attente, 2 mois + 2 heures, l'ophtalmo a gentiment décidé de ne pas me faire attendre plus longtemps et d'expédier sa consultation en 10 minutes.
" Vous êtes astigmate, je vous fais une ordonnance pour des lunettes ".
" Ah non " j'lui ai dit " j'en veux pas des lunettes ça me fait tomber par terre ".
" Gn ? " il a fait (il n'est pas très loquace, il est juste très observateur).
" Oui parce qu'en fait, j'en ai déjà des lunettes, juste pour lire... Et quand j'essaie de les porter pour marcher, la terre on dirait qu'elle est plus basse, alors quand je descends d'un trottoir c'est trompeur et je tombe ".
" Bien bien bien " il a dit, en attendant la suite.
" Et puis quand on passe les pâtes ça fait de la buée, et moi j'peux pas me passer de pâtes, vous comprenez ? "
" Vous voulez des lentilles ? ", il m'a demandé, parce qu'il est un fin déducteur.
" Oui oui oui ".

L'ophtalmo a pris toutes les mesures, a commandé des lentilles et m'a dit de revenir dans une semaine pour les essayer.
Une semaine après, j'ai essayé et j'ai beaucoup pleuré.
" C'est pas celles qu'il vous faut " il a déclaré. " On en commande d'autres et on réessaie ".

Trois mois plus tard, je tutoyais sa secrétaire, je connaissais le nom scientifique de toutes les plantes de la salle d'attente, j'avais essayé 12 paires de lentilles, mais je voyais toujours nib.

" Bon bon bon " a dit l'ophtalmo... " On dirait bien que vous n'avez pas un œil à lentilles. Mais vous savez, les lunettes on en fait des très évoluées maintenant, vous trouverez certainement votre bonheur ".

C'est donc avec une ordonnance lunettes que je me présentais à l'opticien du coin.
" Bonjour, je voudrais des lunettes ".
" Très bien ", m'a dit une dame qui ressemblait à SuperNanny avec ses grosses lunettes qui rebiquaient dans les coins " savez-vous quel style vous aimeriez ? "
" N'importe quoi sauf comme les vôtres " j'ai failli répondre, et puis je me suis dit que c'était pas le moment d'être joueuse, ça commençait à durer cette histoire d'œil. " Qu'importe la monture pourvu qu'on ait la vue ", j'ai juste répondu, parce que j'aime la simplicité.

J'ai essayé les trois quarts (au moins) de leurs modèles en rayon femme. Arrivée à mon 35ème essai, la dame m'a dit : " Bon bon bon, hé bien je pense qu'il faut se rendre à l'évidence : vous avez une tête trop petite pour le rayon adulte. Mais vous savez, on fait de très beaux modèles enfants ".

Je suis une fille difficile, j'en conviens : le modèle papillons roses ne m'a pas emballé, pas plus que la version verte de Harry Potter.

Je suis rentrée à la maison, sans lentilles et sans lunettes.
J'ai dit à mon chéri : " je veux un labrador blanc qu'on appellerait Knacki ".
Comme il ne tient vraiment pas être de corvée de crottes pour les 15 prochaines années, il m'a pris par le bras et m'a ramené chez l'opticien.

Il a choisi un modèle enfant qui fait pas enfant mais juste crétine, il a émis un grognement quand la dame a annoncé le prix (je pense qu'il s'est dit qu'un labrador coutait à peine plus cher), et on est rentré avec mes supers lunettes de mioche moches.

Le soir même, en faisant la cuisine, je me suis penchée sur l'eau des pâtes pour gouter la cuisson (je suis extrêmement exigeante sur la cuisson des pâtes). Mes lunettes sont tombées dans l'eau bouillante.
Du coup, la monture en plastique a très légèrement blanchie.

Dix jours plus tard, j'ai oublié que je les avais posées sur le canapé le temps de m'épiler les sourcils, et je me suis assise dessus.
Les branches se sont écartées plus que de raison.

Deux ou trois mois après, je les ai laissé traîné sur la table basse du salon de mes parents : Baïo, leur labrador blanc (oui oui, ceci explique cela) qui a du sang de dans les veines, a gentiment voulu me les ramener, et se faisant, a mâchonné très délicatement le coin supérieur du verre droit.

Mais c'est quand Saucisse a trouvé bon de les couver toute une journée, me laissant vainement retourner toute ma maison à leur recherche, que j'ai finalement pris la décision qui s'imposait : en fait, sans lunettes, j'y vois très bien quand même.
Oui parce que, je vous ai pas dit, mais je suis astigmate avec quand même 9ème dixième à chaque oeil.

Les vilaines binocles dorment depuis lors au fond d'un tiroir.
Mais... :

" Boo, tu veux quoi pour Noël ? "
" Un labrador blanc ! "
" Et sinon ? "
" Des belles lunettes de soleil "

On n'est pas rendu !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Boo 16 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Ses derniers articles

Dossiers Paperblog