Nous quittons sous l’abat-jour de la nuit, épaisse, pluvieuse, les côtes Ecossaises. Arrivée à Stranraer pour reprendre le drôle de bateau qui nous y amena quelques jours auparavant.
En doutait-on ? C’était trop court. Pas vraiment envie de rentrer.
Nous traînons un long moment dans Stranraer et près des grands débarcadères en attendant l’embarquement. Y’a rien à Stranraer. Juste des bateaux qui arrivent et des bateaux qui partent. Le petit bourg un peu éteint semble vivre à part de l’activité portuaire.
Nous allons passer la nuit à Belfast. Un nom de ville qui m’impressionne un peu. A cause du passé. Un peu comme Berlin aussi.
Mais bon, nous n’allons y passer qu’une nuit et repartir tôt demain matin pour Dublin où nous reprendrons l’avion pour Paris.
Nous arrivons rapidement au bed and breakfast.
Et je vais en profiter pour une digression relative à certaines installations sanitaires…
Il paraîtrait qu’il soit dans les mœurs de nos amis anglo-saxons de rechercher une sorte de raffinement technique, et prétendument pratique, dans les mécanismes de robinetterie des douches. Technique, sans doute. Pratique c’est à voir. Je pense plutôt qu’avant de confirmer une réservation dans un de leurs charmants établissements d’accueil hôtelier, il conviendrait qu’ils s’assurassent de ce que le client potentiel possède effectivement son diplôme de bano-douchologie. Ou du moins qu’on se disposa à dispenser à ces mêmes aspirants clients une formation ad hoc sur le maniement des instruments et la lecture du tableau de bord. Certes à première vue la douche est équipée d’un long tube flexible dont une extrémité est branchée sur la tuyauterie tandis que l’autre se termine par un pommeau. Certes on constate la présence de deux robinet dont on se dit, un peu naïvement que l’un doit commandé le débit d’eau chaude et l’autre le débit d’eau froide. Seulement voilà. Il y a également un bizarre compteur gradué, d’étranges graduations sur les robinets, des boutons, un levier, et très vite on s’interroge sur la sophistication du dispositif. Et on a bien raison de s’interroger. Ma première déduction m’a porté à imaginer que cette complexité servait un soucis d’économie d’eau. Louable. Forcément louable. Après avoir dû laissé s’écouler des dizaines de litres de flotte dans l’attente qu’elle soit enfin à la température désirée, cette première déduction s’est heurtée aux hypothèses de deux conclusions possibles : ce n’est pas pour économiser l’eau ou alors c’est pour économiser l’eau et c’est complètement raté. Bien sur on finit quand même par se doucher : sous un filet d’eau tout juste chaud…
Je me suis dit que j’allais rappeler la Queen pour lui faire part de mes observations ; c’est vrai que nous sommes très intime depuis quelque temps… Et finalement je me suis ravisé : j’attendrais de devenir Président de l’Europe, et paf ! J’imposerai des normes sur les équipements sanitaires : pour une douche : un tuyau, un robinet d’eau chaude et un robinet d’eau froide. Et pis c’est tout !
Il fallait que ce soit évoqué, c’est fait, là dessus nous allons boire un verre en ville, histoire quand même d’avoir respirer un peu son ambiance.
Sur recommandation du mec qui nous a accueilli et montré notre chambre, nous nous rendons dans un bar où, dans la salle du fond, il y a concert. Sono pas terrible mais chanteuse à tripes. J’ai beaucoup aimé. Greg, moins : l’a trouvé ça un peu commercial.
Moi je regarde aussi autour, les gens, Irlandais du nord. Je cherche à voir ce qui peut rester des années de guerre civile chez ces femmes et ces hommes qui boivent, qui dansent, qui rient. Faudrait demeurer plusieurs jours pour ça. Parler avec elles. Avec eux. Pas le temps. Nous ne faisons que passer.
Nous buvons nos dernières bières.
Il faut rentrer.
Demain route grise jusqu’à Dublin.
Avion.
Paris.
Et c’est fini.
Heureusement il y a déjà d’autres projets de voyages en vue.
C’est bien d’avoir toujours un projet de voyage en vue.