Ceci dit j’ai une petite excuse cette fois : ça n’entamera pas le bloc d’airain de mon autorité indiscutable, et d’ailleurs indiscutée, mais ça calmera peut-être un peu un peuple éventuel toujours prompt à regimber au risque même de se prendre quelques coups de matraques : vraiment quelle inconscience !
Ma petite excuse c’est que le mot d’aujourd’hui est un mot commençant par un Y : et ces mots-là, vous le savez, on en trouve pas beaucoup dans un dictionnaire de langue françaisifiante digne de ce nom. Donc j’en profite !
On sent bien au premier abord que nous nous orientons vers un définitionnement paradoxal. Et on a bien raison de sentir ça. C’est que, voyez-vous, il est fréquemment utile de ne pas prendre les mots au pied de la lettre. Le contraire est envisageable quoique cela nécessite alors une gymnastique autrement plus acrobatique. Pour ce qui est du yes et du oui, on comprendra sans peine, pour peu qu’on ait l’encéphale encombré de davantage de matière grise active que d’eau tiède croupie, qu’il s’agit là d’une sorte de double croche à caractère tautologique née et mue par le principe de l’entente cordiale, principe de gestion qui anime les relations entre ces deux grands peuples que sont les Britanniques qui ne se prennent pas pour n’importe qui, et les Français qui ne se prennent pas pour n’importe qui non plus. Même si nous n’oublions pas cet aphorisme ironique qui dit que finalement l’Angleterre ce n’est jamais qu’une colonie française qui a mal tourné. D’ailleurs c’est un peu excessif.
En fait l’attention va se porter tout naturellement sur cette histoire de dossier garni de jonc ou de rotin tressé. Car c’est là que réside l’énigme. De quel dossier s’agit-il ? Et par là même, de quel jonc ? De quel rotin ? Et… Tressé par qui, par quoi, comment, dans quel but ? Hein ? Finalement ?
Sachant que le jonc est un végétal arborant naturellement une tige longue et flexible, que le rotin est une tige aussi, extraite d’un palmier, et qu’on utilise pour la confection de paniers ou de sièges, on est naturellement tenté d’en déduire que le dossier dont nous parlons est celui d’une chaise ou d’un fauteuil. C’est simple, c’est évident, ça coule de source comme on dit !
But, but, but …
Il ne vous a pas échappé qu’un slogan avait fleuri ces derniers mois sur à peu près toutes les ondes, et à la faveur de la promotion présidentielle d’un séduisant gazou dans un pays où on mange beaucoup plus de cheeseburgers que de Bœuf Bourguignon. Je vous rappelle ce slogan au cas ou vous auriez passé le dernier semestre de 2008 dans un trou à deux mille mètres de profondeur : « Yes we can ! ». Evidemment, à première écoute, et d’autant plus qu’il existe dans la langue vernaculaire de ce pays une traduction certes expéditive, mais aussi bien pratique, on en a conclu que oui, nous pouvons. Cependant un habile déchiffrage du message sous-jacent va nous éclairer sur le vrai contenu du propos. Face à l’ampleur de la tâche qui attend le séduisant gazou en question, succédant à un ahuri notoire qui fut durant huit ans entourés d’un aréopage de tarés cupides avec lesquels le dit ahuri s’est employé, passez-moi l’expression, à foutre le bordel un peu partout, il est indubitable que le message en filigrane est : « Oui, oui, nous allons garnir les dossiers de jonc et de rotin tressé. » Je vous l’accorde, dit comme ça, il n’est pas sur que c’eusse été très porteur électoralement. Aussi doit-on se munir d’une interprétation qui hisse le propos à la hauteur de la fonction. Bien sur qu’il ne s’agit plus là de dossiers de chaise ou de fauteuil. Mais bien plutôt de dossiers politiques, économiques, diplomatique, et tique et colégram. Et si le projet est de les garnir de jonc ou de rotin tressés, c’est de toute évidence une métaphore par laquelle il est préconisé de leur rendre le confort que huit ans de débilo-bushisme leurs a ôtés à grand coup de canon, de pillage boursier, etc…
Voilà, voilà.
C’est édifiant non ?
On en conclue, serait-ce que provisoirement, que nous espérons bien qu’un peu de confort va effectivement être rendu à certains dossiers comme celui, tout récemment encore bien explosif du conflit dit « du Proche Orient » : Histoire que d’un côté on se sente un peu moins à l’aise dans son fantasme expansiono-palestinocide, et que de l’autre on retrouve une meilleure assise qui ne tienne plus d’une dépendance à la dinguerie fanatico-allahphile.
Ceci dit faut voir comment on va tresser tout ça …
N’onosbtons* pas qu’en outre le danger de ce genre de mot est évidemment de tomber dans le lexique de marketing de gens dont les intentions sont sûrement moins rassurantes que celle du désormais Premier Gazou Etasunien.
Exemple :
Récent échange entre la Baderne Papale et néanmoins néo-nazie qui se fait appeler benoîtement alors qu’à l’origine il a un nom de char d’assaut, et un de ses points de suspension cardinale qui se demandait si quand même, bon :
Le Cardinal : - « Dis donc ta Sainteté ! Ca va pas la tête de réhabiliter quatre évêques qui sont pour envoyer les femmes qui avortent au bûcher, et dont un va même jusqu’à dire qu’à Auschwitz y’avait pas le gaz dans les chambres ? »
La Baderne : - «Eh ! Oh ! Tu me prends pas la tête avec ça ok ?!? Pour le moment personne dit rien. Et si ça gueule chez les païens démocrates on s’arrangera pour yessouicanner l’affaire et c’est tout ! »
Le Cardinal : - « Ouai ! Bah moi je suis pas sur que ce soit une bonne pub pour nous ! Déjà qu’on a plus grand monde dans nos boutiques ! Tu parles d’une façon de faire les soldes ! »
La Baderne : - « Mais mon pauv’ cardinal ! On s’en tape ! De toute façon avec la restauration du rite de Pipi V on tourne le dos à l’assistance ! Alors qu’est-ce qu’on s’en fout de savoir si y’a du monde ! »
* Onobster : à venir, et peut-être plus vite qu’on ne croit. Enfin… peut-être…