Pour leur 50 ans de mariage, mes ancêtres voulaient faire une bonne bouffe au restaurant et nous inviter.
Après avoir longtemps hésité nous avions opté, pensions-nous, pour un bon compromis entre les prix exorbitants des grands restaus et le risque d'être déçus par une gargotte pas chère mais bas de gamme.
Nous avions choisi la formule "bistro de grand chef". Ces petits établissements où les toqués offrent à leur clientèle des plats plus simples mais goûtus...
En l'occurrence : le bistro de Christian Constant, situé rue Saint-Dominique au pied de la Tour Eiffel dans le 7ème.
Je suis déjà arrivée sur place énervée parce que mon ancêtre maternelle m'avait au préalable appelée 12500 fois en me soutenant mordicus que le restaurant était au situé au 107 (et non au 139) de la rue ; que j'avais du la persuader que le restaurant était bien situé au 107 ; qu'elle m'avait rappelé pour me dire qu'il y avait un autre restaurant de Christian Constant au 135 et pas au 139, qu'ils hésitaient entre le 135 et le 139, et que finalement ils optaient pour le restaurant au 135 et plus au 139.
Après cette série d'appels hystériques qui à fait grimper mon taux d'adrénaline et mon risque cardio-vasculaire d'une bonne douzaine de degrés, nous avonc donc retrouvés mes parents non pas au bistro de Christian Constant, comme prévu initialement mais au restaurant "Les Cocottes" du susdit.
Pour ceux qui se sont déjà perdus en route, j'envoie l'équipe de secours. Moi-même j'ai eu du mal à suivre.
La confusion du départ s'explique néanmoins : Christian Constant a 4 restaurants différents dans la même rue..
Nous pénétrons donc dans "Les Cocottes". Et là... Mouif. Je tord le nez.
On mange sur des tabourets de bars devant des tables hautes. Dans un décor design.
Je me méfie des restaux branchés et j'ai HORREUR de bouffer sur des tabourets de bar. On ne peut pas être plus mal installé que sur ces machins.. Déjà c'était mal parti.
Après un débat supplémentaire de 15 minutes sur le pourquoi du choix du restau (en fait la mother voulait absolument manger un truc qui était au menu des Cocottes et pas du bistro), mes parents ont commencé à focaliser sur le fait que mon fils aîné qui travaillait aujourd'hui et qui était en train d'arriver n'étaient pas encore là. En me demandant de l'appeler toutes les 3 minutes.
J'ai cru que j'aller commettre l'irréparable et les étrangler avec la serviette de table.
Le fils enfin récupéré, nous avons pu entamer le repas plus ou moins tranquillement, sous réserve d'oublier que ma mère, âgée quand même de 80 ans était donc très mal assise sur son tabouret de bar et s'agitait comme une puce sous acide.
Petit aparté sur ma mère : vous me voyez là tout de suite. OK. Vous prenez Manu énervée puissance 10 et vous obtenez ma mère. Du pur concentré d'énergie sur pattes. Quant à la mauvaise foi, comme dit mon fils, ma mère serait prête à faire déplacer le restaurant du 139 vers le 107 juste pour avoir raison (voir ci-dessus)... Enfin bref.
Que dire du repas et bien... J'ai mangé mieux. Pas mauvais, mais pas démentiel. Le principe du restau ? Comme son nom l'indique, quasiment tous les plats sont servis dans des cocottes en fonte.
En entrée des ravioles d'écrevisse : pas mauvais mais deux ravioles qui baignent dans un bouillon, c'est un peu juste.
En plat, cocotte de gibier sur lit de purée : là encore, très mangeable mais rien d'exceptionnel. Les plats du reste de la tablée étaient à l'avenant. Mon père avait pris un canard sauvage qui était carrément dur.
En dessert : clafoutis (je mangerais du clafoutis sur la tête d'un pouilleux). Très déçue. Tiédasse et pateux, le clafoutis tenait plus du flan que d'autre chose.
Et pour finir la soirée en beauté, ma mère et ses gestes désordonnés nous ont envoyés un verre de vin sur le pantalon (noir heureusement).
Je n'avais qu'une hâte c'était que ce repas se finisse, surtout que ce restau très coté (on se demande bien pourquoi) s'était rempli au fur et à mesure du repas jusqu'à étre blindé de gens qui attendaient de passer à table et donc très bruyant.
Non vraiment, pas top du tout.
Pour le même prix, et même peut-être moins cher, j'avais mangé pas très loin de là, rue de l'Université au restaurant Pétrossian où la jeune chef Sénégalaise Rougui Dia fait des merveilles avec le saumon.. Et dans une ambiance feutrée et calme, assise sur un fauteuil CONFORTABLE.
Donc, je ne vous conseille pas les Cocottes.
Ni ma mère d'ailleurs. A moins d'avoir des nerfs en béton armé.
Dire que je risque moi aussi de rendre les gens hystérique dans une trentaine d'année est une perspective assez terrifiante... mais pas fondamentalement désagréable..
MOUAHAHAHAH...