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L’étoile ( texte de gballand )

Publié le 25 janvier 2009 par Mbbs

J’étais assise sur un banc et j’attendais ma fille qui allait sortir de l’école.  Lui, il s’est assis sur le même banc que moi et a placé entre nous son sac en plastique de la Grande Récré. Il n’avait l’air de rien, je ne me suis pas méfiée. Je faisais semblant de lire un livre. J’ai souvent fait semblant pour voir le monde.

Au moment où j’ai glissé un œil de côté pour l’épier, il a fait de même et nos regards se sont croisés. Il a ensuite fouillé  dans son grand sac en plastique ; ce qu’il cherchait semblait jouer à cache-cache avec lui.

- Tenez, je l’ai trouvée, c’est pour vous ! Dit-il en  me tendant une étoile en papier brillant argenté.

J’ai souri, mais je n’ai pas pu tendre la main vers l’étoile.

- Prenez-là !
- Mais on ne se connaît pas, lui ai-je dit bêtement.
- Je l’avais achetée pour ma fille, mais je trouve qu’elle est faites pour vous. De toutes façons, ma fille, je  la vois plus.

J’hésitais encore à prendre l’étoile. J’observais l’homme, son visage lisse, sans âge, son pantalon fatigué, son pardessus informe, son immense sac en plastique qui contenait sans doute toute sa vie, et j’ai fini par lui dire la vérité.

- Non vraiment, je ne peux pas. Je n’accepte jamais de cadeaux d’inconnus. Et puis les étoiles me font peur.

Il m’a regardé attentivement puis ses yeux sont allés de moi à l’étoile.

- Cette étoile a des pouvoirs, reprit-il, l’air  sérieux.
- Justement. Et puis, on ne donne pas une étoile comme ça !
- Ne cherchez pas midi  à quatorze heures ! Je vous la donne de bon cœur.

Il avait tellement l’air d’y tenir que j’ai fini par la prendre. Je lui ai fait mes adieux, l’étoile à la main, et je suis allée chercher Laura qui m’attendait déjà devant la porte de l’école. J’ai  entendu l’homme crier.

- Vous verrez, elle ne vous décevra pas !

J’ai fait signe à ma fille, l’étoile à la main, mais elle ne m’a pas répondu ; pourtant elle m’avait vue. Au fur et à mesure que je m’approchais de Laura,  je m’éloignais d'elle, mon corps semblait  léger et mes pieds décollaient du sol à chaque fois que je faisais un pas. Puis je n’ai  plus rien vu autour de moi, si ce n’est un léger brouillard qui a tout enveloppé et m’a fait disparaître à moi-même.

Quand je suis revenue à moi, j’étais allongée dans un lit qui n’était pas le mien, dans une chambre que je ne connaissais pas et sur la table de chevet, à côté du lit, était placé une étoile en papier argentée. Une petite fille est entrée. Elle m’a dit « Bonjour maman ». Moi, ça m’a étonnée parce que cette petite-fille là, ce n’était pas la mienne.

* Texte écrit à partir d’une consigne des « impromptus littéraires ».


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