Magazine Humeur

Sprints

Publié le 25 janvier 2009 par Didier T.
Photo de Ladji Doucouré
Hier après-midi, au Monoprix, j’étais parmi les bananes, j’en choisissais quelques unes, lorsque mon auriculaire droit est devenu gourd. J’ai jeté un œil dessus ; il était bleu violacé tendant vers le rouge. 
Ni une ni deux, j’ai lâché les bananes que je regardais sous toutes les coutures, pour déceler la moindre trace de pourriture, et je me suis mis à tirer sur ma nouvelle bonne affaire financière pour qu’elle laisse respirer mon précieux doigt qui de seconde en seconde devenait dur.
J’ai commencé à paniquer, me voyant déjà aux urgences devant un médecin, dont le visage était caché par une charlotte et une mini cagoule, muni d’une tronçonneuse à doigts. Finalement j’ai jeté la bague YSL dans la poche de mon imper et je suis rentrée chez moi déposer les bananes au frais.
Après j’ai sauté dans le premier métro direction Franck & Fils.
Là-bas j’ai rendu la bague.
- C’est une honte de faire des soldes monstrueuses, d’attirer le chaland avec des prix défiants toute concurrence, pour vous débarrasser d’une bague qui rend le doigt bleu !
- Mais, Madame, on n’achète pas une bague trop petite !
- Quelle insolence ! Mes doigts ne sont pas trop petits ; ils sont parfaits.
- Je vous accompagne en caisse. 
Bon. Chez Franck & Fils, les vendeuses sont des grues mal aimables, mais on peut échanger ou se faire rembourser pendant un mois. On peut changer d’avis quoi et puis, comme c’est le groupe LVMH, on le fait sans honte ni honneur.
Comme j’aimais le design de cette bague, j’ai fait ce que je ne fais jamais, j’ai filé jusqu’à la rue du Faubourg Saint Honoré chez YSL . La vendeuse à l’accent slave a été particulièrement sympathique. J’ai pu essayer plusieurs modèles. Elle m’a conseillé la couleur vert amande pour les pierres et m’a encouragée à revenir mi-février car ils vont recevoir de nouveaux coloris. Je n’ai donc plus de bague mais l’espoir d’avoir le choix le mois prochain. 
Je suis repartie vers chez moi le cœur rempli de rêves dorés lorsque la dure réalité de la vie a refait surface en la personne d’un loser magnifique. Un type avec un sac à dos et un sac en plastique gonflé qui parlait seul en marchant près de moi. Moi je regardais droit devant. Il s’est mis à rire. Je regardais toujours droit devant. Il s’est mis à courir. Je ricanais de sa poire « qu’il court donc, l’imbécile ». Près des feux rouges, là où les lumières se font plus vives, il a arrêté brusquement sa course et s’est retourné face à moi ; il a baissé son pantalon et s’est saisi de son sexe qu’il a furieusement masturbé. Je me suis arrêtée à mon tour, au milieu du trottoir, estomaquée ; j’ai humé l’air frais et je n’ai regardé personne avant de mettre à courir le plus vite possible, très loin.
Encore un dingue. Que des dingues, tout le temps, et partout.
Mais je ne me suis pas laissée abattre. Je suis rentrée dans un autre Monoprix, ouvert en soirée, et je me suis achetée des chaussettes.
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog

Magazine