Kerviel le lampiste

Publié le 25 janvier 2009 par Fbaillot

A plusieurs reprises déjà, j’ai donné mon avis sur l’avis de tempête qui règne sur la planète finance depuis août dernier . Les emportements des accrocs du profit nous entraînent vers les abîmes, et même les plus avisés des devins de l’économie se refusent à prédire une éclaircie dans nos comptes. Nous payons tous les rêves des banquiers qui viennent de se résoudre à renoncer douloureusement (et provisoirement) à leurs primes mirobolantes. Ce week-end, on a reparlé de Jérôme Kerviel, l’obscur et damné trader de la Société générale (la banque a malgré tout annoncé des profits respectables en 2008). Ces quelques lignes extraites de l’interview qu’il a donnée au Parisien Libéré (qu’il regrette ou qu’il nie, c’est selon) illustrent particulièrement bien l’atmosphère qui règne (qui régnait ?) dans les salles de marché.

“Le jour des attentats (de Londres, en juillet 2005 - NDB), on est très vite informé qu’une vaste coupure de courant frappe la capitale britannique. Très vite, les titres d’assurance commencent à plonger. On se dit: “ça ne peut pas être une simple panne électrique”. Puis l’information sur les attentats nous parvient. A ce moment là, tout le monde se met à perdre de l’argent. Sauf moi. Grâce aux positions que j’avais prises, je gagne 500.000 euros en quelques instants. C’est le jackpot. Je jubile. Et puis, à un moment donné, je me suis arrêté un instant. D’un coup, j’ai compris que j’étais en train de m’amuser alors que des gens venaient d’être touchés par des bombes. J’ai couru aux toilettes et j’ai vomi”. 

Nous les simples d’esprits, qui avions cru que l’argent que nous déposons contraint ou forcé dans notre agence servait à acheter, à construire, à investir, nous découvrons un peu tard qu’il permet d’amasser de jolis magots en spéculant sur le beau ou le mauvais temps, la vie ou la mort, le bonheur ou le malheur.

Comme le dit l’un de mes commentateurs attentifs , est-ce qu’au moins ces errements nous serviront de leçon pour les éviter à jamais ?