Magazine Humeur

arte : deux hommes dans la ville.

Publié le 26 janvier 2009 par Didier T.
J'ai regardé, ou plutôt ressenti avec une drôle d'émotion ce film des années 70. Vous savez, cette époque ou Jean Gabin vivait, et où Alain Delon n'était pas encore le Delon qu'on connait, c'st à dire le bouffon égocentrique dont se gaussent nos copains télévisuels.
Non, à cette époque, pas d'airbag dans les peugeot 504, les Alfa Romeo ou les Renault 12, les DS 21...
A cette époque, les films étaient manichéens, ils ne souffraient pas de la maladie de l'audimat. Les techniques ne permettaient pas autre chose que des montages cut, sans fondu enchaîné, au générique tremblant des celluloïdes posés sur des "truca" désormais désuètes. Il n'y avait que le jeu d'acteur, lui et lui seul, la lumière du chef opérateur n'était là que pour sublimer le dialogue, pour enchanter le spectateur, pendant qu'il (le spectateur), se noyait dans une angoisse contemporaine, la même que nous regardons aujourd'hui comme quelque chose de désuet, devenu aujourd'hui inutile.
Une époque bénie pour moi, celle où Michel Bouquet revêtait l'uniforme de la froide méchanceté absconse d'une justice contre laquelle personne ne pouvait lutter, pas même cet ange aux yeux clairs, beau comme un dieu au point de vous rendre amoureux, mâles que nous sommes, de cet homme parfait et pourtant mort d'avance, comme tous les rôles de Delon d'ailleurs.
Il en a fallu de peu pour que ce film ne soit qu'un film comme les autres.
il en a été tout autre. Il est l'image même, l'incarnation même de la machination sociétale, de cette époque que je trouvais bénie, mais qui ne fut rien d'autre que l'expression malsaine d'un pouvoir destructeur, capable de tenir dans une main de fer, oubliant le velours, un peuple en devenir, pas encore remis d'un mai 68 sinonyme d'abandon, qui avait fini par abandonner son devenir à quelques uns, les Peyrrefite, les Pompidou, ceux qui nous entretenirent quelques temps encore dans cette main droite, que nous sommes en train de laisser revenir, sous les airs bonhommes et commerciaux d'un Président autocratique aux sbires mielleux et dangereux.
Oui, j'ai eu du mal à finir ce film, sentant l'inexorable injustice gagner mon esprit, tel que l'avait voulu le réalisateur (je parierais que c'est Deville ou José Giovanni). Cette inexorable justice mortelle, qui me fait réaliser ce soir que la peine de mort fut un débat un jour. Elle ne l'est plus. Mais pour combine de temps ? Combien de temps laisserons-nous faire les choses et dans combien de temps accepterons-nous que le mal revienne ?
Non, il ne reviendra pas, c'est ce que l'on croit. Mais la croyance est-elle la vérité ?
J'en doute.
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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