Pior
Moïse le
Libyen, homme très doux et très charitable, fut jugé digne du don des
guérisons. Il m’a raconté ceci : « Dans le monastère, quand j’étais jeune, nous
creusâmes un très grand puits de vingt pieds de large. Dedans, pendant trois
jours, quatre-vingt personnes creusèrent mais, bien qu’ayant dépassé d’une
coudée la veine ordinaire, nous ne trouvâmes pas d’eau. Désolés, nous méditions
de renoncer à l’ouvrage, quand survint Pior du grand désert, à la sixième
heure, au plus fort de la chaleur. Il nous salua et dit après la salutation : «
Gens de peu de foi, pourquoi avez-vous perdu courage ? Je vous ai vus depuis
hier, en effet, perdre courage. » Étant descendu par l’échelle dans le creux du
puits, il fit une prière. Prenant alors le pic, il dit après avoir porté le
troisième coup : « Dieu des saints patriarches, ne laisse pas inutile le
travail de tes serviteurs, mais envoie-leur l’eau qu’il leur faut. » Et,
sur-le-champ, l’eau jaillit au point qu’ils furent entièrement arrosés. Après
cela, ayant de nouveau fait une prière, il s’en alla. Or, comme les frères le
pressaient de manger, il ne le voulut pas et dit : « Ce pour quoi j’ai été
envoyé a été achevé ; mais pour manger je n’ai pas été envoyé. »
évêque Pallade :
vies
d'ascètes et de Pères du désert