Cendrillon, c'est mwa !

Publié le 27 janvier 2009 par Anaïs Valente

On discute sur le net depuis une petite heure.  Je suis en pyjama, le cheveu triste, l'œil gras, à moins que ce soit l'inverse.  Je zieute d'une part mon écran TV, d'autre part mon écran PC.

Il est 23h et des poussières.  Presque minuit, en fait.

De façon totalement inattendue, il me propose « si on allait prendre un verre ».

L'idée me tente, je lui demande quand il envisage ce rendez-vous.

Sa réponse me laisse sans voix (fort heureusement, la voix n'est pas indispensable à un tchat sur le net) : « ben tout de suite, là, le temps que j'arrive ».

Glups.  Voilà Anaïs, tu ne l'as pas volé.  Tu l'as cherchée, cette proposition, en l'accusant d'être trop plan-plan, de ne pas faire de choses folles comme aller manger des moules à Ostende à 22h ou admirer la tour Eiffel lorsqu'elle scintille à minuit.

Tu l'as ta proposition.  Bon c'est pas les moules à la mer, c'est pas Eiffel à minuit.  Mais c'est une proposition hors norme : un verre avec un inconnu à l'heure ou Cendrillon se transforme en souillon et son carrosse en citrouille.

J'accepte, non sans avoir imaginé tous les scénarios catastrophes possibles :

-   c'est un tueur en série qui fait du boudin de ses victimes, chaque nuit

-   c'est mon voisin qui a tout découvert de mon blog et veut se débarrasser une fois pour toute de moi, exaspéré qu'il est par le crépitement incessant de mes doigts sur le clavier

-   c'est un fétichiste qui va venir me chercher dans un carrosse et m'emmènera au bal

Parano, moi ?  Ben non, mais avouez qu'un rendez-vous à une telle heure, c'est pas habituel.  C'est même très inhabituel.  Doit y avoir anguille sous roche.  Ou arme sous pardessus. 

Dans un élan de protection, j'adresse un mail à une copine, pour lui demander d'envoyer la cavalerie, le GIGN, la police et un prêtre si je ne donnais plus signe de vie sur le blog le lendemain.

J'informe également mon contact-tueur en série-fétichiste-voisin-fabricant de boudin que tout mon entourage est au courant de sa venue.  S'il ne vient pas, j'aurai compris...

Dare dare, je tente de transformer mon vieux pyjama pilou en robe de princesse et mes pantoufles vache en pantoufles de vair.  Et j'attends.

Plus j'attends, plus je me demande pourquoi j'ai accepté d'aller prendre un verre en pleine nuit avec un inconnu, au lieu de somnoler gentiment devant un DVD romantique. 

Heureusement, j'ai à peine le temps d'envisager une retraite stratégique du style « sorry ma grand-mère vient de se faire larguer - j'ai une gastro entérite fulgurante - l'homme de ma vie vient de débarquer à l'improviste on fait connaissance (biffer la mention inutile) » que ding-dong, mon carrosse est avancé.

Nous vlà partis dans Namur, ville ô combien morte, même le samedi soir, à la recherche d'un bistrot daignant accepter deux âmes esseulées à une heure si indécente.  Et bien je vais vous le dire, ce n'est pas chose aisée !!  Seuls restent ouverts ce que j'appelle les « cafés d'alcoolos », enfumés au possible, où trainent des piliers de comptoir, des habitués dans un coma semi-éthylique et où les vieilles chaises sont pleines de chewing-gums collés. 

On dégotte donc un café d'alcoolos encore ouvert, on s'installe et on discute.

Et paf, il est 2 heures du mat.  Tiens j'ai pas vu le temps passer.

De quoi on a parlé ?  De tout et de rien : de sa passion pour la congélation de mouches (tant qu'il ne s'agit pas de congélation de blogueuse, je peux m'estimer heureuse), de ma passion pour la soupe à la terre, de tueurs et tueuses en série, de son aversion totale pour les blogs (glups, jamais je n'oserai avouer que j'en ai un).  Bref de tout et de rien, de choses banales quoi.

Et bien, je vous le dis en confidence, cette petite sortie nocturne, j'ai adoré.

Un chtit dessin de Marguerite la vache pour illustrer le tout.