Ce matin, j'ai RDV à l'Hôtel de Police de Cergy. Pendant plus d'une demi-heure,
assise dans le hall, j'assiste au ballet de la Faune (voire la Flore) qui fréquente ce genre d'endroits, dont je suis peu coutumière. D'abord je m'amuse des allers et venues, des bises tapées entre
"collègues", mais c'est surtout l'incroyable self-contrôle de l'agent de l'accueil qui me scotche. Une petite nenette en uniforme qui paie pas de mine, avec sa queue de cheval bien peignée, tout au
plus 1m60, l'air un peu sévère et le flingue à la ceinture. Et c'est elle qui gère les arrivées. Partant déjà du principe qu'on ne vient rarement dans ce genre d'endroit pour le plaisir, entre 8h30
et 9h15, j'ai eu droit : au mec convoqué à la Gendarmerie qui cherchait son chemin, à une fille qui venait porter plainte pour "Menaces de mort" (réponse neutre : "C'est-à-dire mademoiselle ?" sans
sourciller), une nana qui s'est fait fracturer sa bagnole, une pro qui fait le tour des commissariats pour vendre je ne sais quoi, qui tient à attendre debout, les bras croisés, près du bureau de
l'agent, la jambe marquant un rythme de tambourin bavarois (au jugé), un homme assis tranquillement et qui se lève, d'un coup, et se met à vociférer, même que c'est « une honte d'attendre depuis si
longtemps alors qu'il a RDV à 9h00 » (un coup d'oeil à l'horloge m'apprend qu'il est 8h58), que la demoiselle à l'accueil doit rappeler son collègue pour savoir quand il daignera le recevoir, ce
qu'elle fait en précisant "Oué, il râle là" suivi d'un rire et d'un "Oué, j'avais bien remarqué", petites phrases qui mine de rien, en ayant l'air de le vexer le calment également un chouya...
J'imagine mal ce que cette nana doit voir, toute la journée, et je comprends pourquoi elle a l'air si blasé. N'empêche qu'elle reste sympa. La preuve, elle m'a même accompagnée jusqu'aux toilettes,
parce « Sont cons, ils en ont même pas mis vers l'accueil. y'a toujours des toilettes vers les accueils, non ? » Et vu que toutes les personnes, dans le long couloir, me regardent passer du haut de
leur uniforme et que moi je sais plus trop où me mettre, elle se retourne et avec un petit sourire, ajoute « Oué je sais, c'est mal foutu cet hôtel de police ».