Que la nature soit magnifiquement indifférente au destin de l’être humain, on le sait depuis longtemps, et l’actualité nous en donne continuellement la preuve, comme avec l’ouragan digne des Tropiques qui vient de balayer le Sud-Ouest de la France. C’est aussi à mon sens un des thèmes sous-jacents du film de Sean Penn « Into the Wild », que j’avais manqué l’an dernier et que je viens de voir in extremis.
Le synopsis : Tout juste diplômé de l'université, Christopher McCandless, 22 ans, est promis à un brillant avenir. Pourtant, tournant le dos à l'existence confortable et sans surprise qui l'attend, le jeune homme décide de prendre la route en laissant tout derrière lui (il ne reprend jamais contact avec sa famille).
Des champs de blé du Dakota aux flots tumultueux du Colorado, en passant par les communautés hippies de Californie, Chris va rencontrer des personnages hauts en couleur. Chacun, à sa manière, va façonner sa vision de la vie et des autres. Au bout de son voyage, il atteindra son but ultime en s'aventurant seul dans les étendues sauvages de l'Alaska pour vivre en totale communion avec la nature.
Christopher McCandless est un personnage réel et son histoire a inspiré le livre Voyage au bout de la solitude (1996), écrit par le journaliste américain Jon Krakauer et sur la base duquel a été construit le scénario du film. Livre paru en français chez 10/18 sous le titre Into The Wild. Le fait qu’il s’agit d’une histoire vraie donne évidemment une autre dimension au film, surtout dans la perspective de sa fin tragique : âgé de 24 ans, Chris meurt seul, succombant à la faiblesse et à la faim au milieu des splendides paysages naturels de l’Alaska…
J’ai trouvé le film très réussi, sonnant juste. Les personnages (re)créés par Sean Penn ont de la consistance, du poids, même quand leur passage est bref (les hippies sur la route, le patron de l’équipe de moissonneurs, le vieux retraité de l’armée…) Les paysages d’Alaska sont renversants ; il me semble qu’on oublie souvent la « vastitude » des Etats-Unis et la fait qu’à côté des zones urbanisées à l’extrême, que l’on voit si souvent à l’écran, il existe encore dans ce pays de grands espaces sauvages. Sean Penn ne fait pas de cadeau à son héros ; il le montre avec ses faiblesses et ses lacunes, ses échecs et ses impasses. Au bout de la solitude, Chris voudra retrouver le partage avec les autres ; mais il est déjà trop tard et son destin s’accomplit dans l’indifférence de la nature.
Fuligineuse
Un bon article chez Café Géo
Merci à Pierre de Ronsard pour le titre de cette note.