Moi, ce que j'aime par dessus tout dans l'Education Nationale, c'est les réunions. Oh oui, des réunions, encore et encore... Entre midi et deux, le soir, on
a le choix ; je me demande même pourquoi ils n'ont pas encore instauré les réunions à 7 heures du matin, histoire de bien nous faire comprendre que notre vie, quand on est prof, doit se limiter
uniquement à l'Education Nationale. Par contre, il faut reconnaître que c'est varié : réflexion pédagogique, conseil de machin, bilan mi-trimestriel; yeah, il y en a pour tous les goûts
!
Et surtout, pour assister à ces réunions au sommet, le plus drôle, c'est de nous
convoquer juste quelques jours avant; le vendredi pour le mardi ou le mercredi pour le vendredi soir... De toute façon, on doit être à l'entière disposition de l'Education Nationale. On nous
siffle, on doit revenir aux pieds de notre maître; un peu comme les chiens, la bave en moins et la queue qui frétille en option. Tout est une histoire de dressage et visiblement, nous avons tous
été bien dressés : on obéit bien sagement, on accourt dès qu'on nous dit de venir. J'attends la réunion où on va nous demander de faire les beaux pour avoir une
récompense.
Et puis, visiblement, on n'a pas le droit d'avoir une vie en dehors de l'EN. Il ne
leur vient pas à l'esprit que quand on nous met des réunions à l'autre bout du monde, le soir, et qu'on nous prévient juste quelques jours avant, c'est un défi d'organisation pour nous.
L'urgence, pour moi, c'est "qui va garder ma fille ?". J'ouvre un standard téléphonique et, dans le meilleur des cas, je trouve une solution à ce problème. Mais, si d'autres avaient décidé
d'aller à un concert, de partir en week-end, de recevoir des amis, ou tout simplement de sortir, et bien, tu tournes la page et tu marques dommage ! Ce sera pour une autre fois ! On nous a
sifflés, on doit laisser tomber notre vie et accourir.
Peut-être est-ce une tactique pour nous empêcher de reproduire ? (enfin, pour ceux
qui sont concernés !) Pas le temps d'être chez soi, pas le temps de vivre en dehors de son établissement, donc, pas le temps de batifoler. Mais, ils s'exposent au risque que les profs se
reproduisent entre eux et au sein du collège. Vous imaginez les enfants radioactifs ? Ou peut-être essaient-ils de faire démissionner ceux qui en auraient marre d'être pris pour des chiens ?
Mauvaise idée, le prof ne rend que très rarement son tablier mais, en revanche, le nombre de ceux qui partent en dépression me semble être de plus en plus important.
Donc, voilà, toi qui as envie d'être prof, il faut que tu saches que ta vie entière doit être dévouée à ton institution et que, progressivement, tu vas te transformer en canidé bien dressé... Ca
donne envie, hein ?