Frayeur
Le syndrome du fantôme de Canterville
Hier, en me réveillant, j’ai senti qu’un pesant fantôme assis sur mon dos me clouait au matelas. Facétieux, il m’empêchait de bouger le moindre muscle tandis qu’il sautait sur mes reins en me chatouillant les cuisses. Le matelas vibrait. Les draps s’agitaient. J’ai ouvert les yeux. J’entendais clairement ma chienne se promener entre le corridor et le mini-zoo mais j’étais dans l’incapacité totale d’émettre un son ou de mouvoir un doigt. Frayeur. Panique. J’ai mentalement hurlé “Va-t-en! Va-t-en! Tu n’as rien à faire ici”. Étrangement, le fantôme a obéi à mes ordres. Une fois totalement réveillée, j’ai repris mes esprits affolés par celui du spectre pour me précipiter sur l’ordinateur afin d’effectuer quelque recherches sur la toile. J’ai ainsi découvert que je venais d’être victime d’une paralysie du sommeil lors de mon réveil, chose relativement courante ayant inspiré de nombreux peintres et auteurs, notamment Oscar Wilde lorsqu’il écrivit Le Fantôme de Canterville *.
Cette paralysie est une atonie musculaire normale qui survient lors du sommeil paradoxal, chaque fois que nous dormons, afin de nous empêcher de bouger et de “vivre nos rêves” en trois dimensions à l’instar des somnambules. Il arrive cependant que cet état survienne avant l’endormissement ou se maintienne après l’éveil, mettant la personne qui le subit en situation de grande panique.
La paralysie du sommeil aurait donné naissance à de nombreuses croyances de fantômes et de spectres à travers le monde. Elle serait à l’origine des légendes sur les incubes et les succubes, et jouerait un rôle important dans les témoignages d’enlèvement par des extra-terrestres ou dans la vision de fantômes et démons.
*En cliquant sur le nom de la nouvelle d’Oscar Wilde, vous pourrez la lire en son entier.
Titre: Fantôme.