Aujourd'hui jeudi 29 janvier c'est donc le grand jour de la mobilisation générale.
Il est ŕ la fois difficile de comprendre, et on peut en męme temps assez bien décrypter, la ou les raisons des mouvements de ce jour.
On les annonce "sans précédent" : toujours l'enflure journalistique. Au demeurant, la question n'est pas d'éventuels précédents, puisque la crise, qui est ŕ l'origine de tout cela - premičre crise planétaire d'une économie finalement globalisée depuis peu -, elle, n'a pas de précédent.
Difficile de comprendre ŕ quoi sert de défiler contre la crise. C'est comme défiler contre le temps mauvais, contre les intempéries, contre l'intempestif, contre la mondialisation, bref contre tout "ce qui arrive", et pas seulement qu'aux autres.
En męme temps, comment ne pas entendre l'inquiétude, le désarroi, l'incompréhension de ce qu'en d'autres temps on aurait appelé les "classes laborieuses". Je dis en d'autres temps parce que la notion de "classe" n'existe plus. Et c'est sans doute une partie du problčme. Il n'existe plus que des individus.
Développez ŕ outrance l'individualisme, attachez-vous ŕ donner encore et encore des droits ŕ tout un chacun [sans trop insister sur les devoirs qui iraient avec], ignorez toutes les formes de solidarité qui formaient la base de la vie en société [famille, travail...]... et vous avez des individus défilant dérisoirement derričre quelques banničres portant des mots d'ordre disparates n'ayant pas grand chose ŕ voir les uns avec les autres, comme par exemple les suppressions de postes dans la fonction publique, et le chômage technique dans l'automobile.
Je dis dérisoirement parce que, bien entendu, il ne sortira rien de ces défilés. A part que les politiques - d'un bord comme de l'autre - chercheront ŕ en tirer parti. Une maničre de captation qui s'apparente ŕ un vol.
A part que les syndicats se compteront. Mais pour qui comptent-ils ? Lŕ est le véritable enjeu. Comment, dans notre société, reconstruire des liens [par exemple entre gens de la fonction publique et salariés du privé, entre salariés des grands groupes et sous-traitants etc.], comment reconstruire des solidarités, telle devrait ętre l'obsession des syndicats, pour savoir jusqu'oů ils comptent.
En attendant, ce qui s'exprime dans la rue, c'est un CRI ! Lŕ est le danger. Un cri, c'est inarticulé. Il y a urgence ŕ mettre des mots sur le désarroi et l'incompréhension.
Article ajouté le 2009-01-29 , consulté 4 fois