En ce jour de Noel pardon, de grève nationale générale, je ne peux m'empêcher de repenser à une conversation entre collègues entendue il y a quelques jours dans la salle des Urnes Funéraires. Je vous la livre telle quelle, avec sans doute quelques modifications dans les mots exacts mais la teneur générale n'en est pas modifiée.
Autour d'une table, trois dames d'âge on va dire mûr (évitons incertain). Je sais, vous allez encore me taxer de mysoginie mais je n'y peux rien, c'est la vérité. Sujet du débat : la grève de jeudi 29 janvier. Opinion défendue : je ne fais pas grève parce que cela va bouleverser ma progression, de plus c'est le jour des TP et après les deux groupes ne seront plus au même niveau dans l'avancement du programme, et puis surtout je ne peux pas perdre quatre heures en BTS, l'examen est pour bientôt et les étudiants ont droit à leurs cours. Fin de la discussion (que je vous ai évidemment résumée au maximum).
Bon. Au fond, pourquoi pas ? Chacun est libre de ses faits et gestes et de penser ce qu'il veut. Néanmoins, je n'ai pas pu m'empêcher de me livrer à quelques réflexions (silencieuses, rassurez-vous). Ces dames ont une conscience professionnelle manifeste, c'est tout à leur honneur. Mais ce sont aussi des mères de famille, des grands-mères pour certaines (pour l'ignorer, il faudrait être sourd et aveugle) ; et c'est là tout à coup que le débat devient relativement comique : elles préfèrent donc s'occuper de gens qui leur sont totalement étrangers (en l'occurence leurs étudiants/élèves) plutôt que de l'avenir de leurs petits-enfants ou futurs petits-enfants dont les parents seront obligés, s'ils veulent donner à leur gamin une éducation à peu près potable, de les fourguer dans une école privée et payer pour recevoir ce qui me semble devoir (et c'est la moindre des choses) être donné gratuitement. Et je ne parle pas du cas, fort improbable, où leurs parents ayant choisi l'école publique, les petits-enfants en question recevront un enseignement qui se gardera bien de les rendre intelligents, cultivés et responsables, vu les réformes que M. Darcos est en train de nous concocter tout en faisant semblant de les mettre de côté.
Pourront-ils dire merci à leur grand-mère d'avoir si bien défendu leur avenir ? Certainement non, ils seront incapables de se rendre compte que mémée/mamie les a un peu laissés de côté à certains moments...
Le fait d'être grands-parents (ou même parents) se limiterait-il chez certain(e)s à embrasser le mioche, lui faire des cadeaux et le garder le soir où les parents ont envie de faire la bringue ? C'est ce que je me suis demandé en écoutant ces dames. J'espère qu'ils n'ont pas tous cette vision un peu étriquée de la grand-parentalité qui semble ne pas aller plus loin que les étrennes de Noël et le changement de couches culottes.
Mais quoi ! L'incohérence humaine ne date pas d'aujourd'hui. Autant en sourire, comme dirait je ne sais plus qui, pour éviter d'en pleurer.