Je n’écris pas, je n’écris plus. Et je ne le regrette pas. J’ai remisé mes mots sans même y penser, comme si de les compter n’avait soudain plus d’importance, comme si rien de tout cela ne me touchait vraiment.
Je me suis pendant un temps contenté de mes rêves.
De me désavouer j’ai éprouvé une sorte de joie, étrange, mesurée, légèrement honteuse mais si agréable. Car enfin, à quoi bon tout ça, devais-je penser sans vouloir le reconnaître ? A quoi bon ?
Mais on s’en fiche, de la raison première, fondamentale, existentielle, qui fait écrire. On s’en fiche même d’écrire. Ce n’est pas la question, d’ailleurs, il n’y a pas de question à trancher, pas de but à atteindre, pas de vérité révélée. Peut-être un désir de beauté, simplement. Ou de maîtrise du temps. En tous cas, quelque chose de profondément illusoire, et ce n’est pas grave, parce que la seule chose qui importe est bel et bien de savoir ce que l’on veut pour soi.
J’ai décidé que la réalité serait poussière face à ma détermination. J’ai décidé, ici et maintenant, ou peut-être il y a longtemps, dans un autre lieu de ma mémoire, que rien ni personne se serait jamais assez important pour m’empêcher de continuer. Je reviens toujours, n’est-ce-pas, je reviens toujours à la source des choses. Je reviens.