Magazine Journal intime

La rue debout

Publié le 30 janvier 2009 par Thywanek
Ils ont mis la rue debout !
Ah ! Décidément rien ne les arrête !
Ah ! Ils en trouve du pognon ! Pour faire ça !
Pour que les gens aient bien à manger
Pour que les gens aient où habiter
Pour que les gens soient un peu content
Ca fait bien des histoires
Ca dit qu’il n’y en a plus
Ca dit économiste ci, ça dit conjoncture là
Mais pour commettre ça
Ils n’en ont pas manqué
Comment va-t-on défiler maintenant ?
Avec la rue debout !
Et ce trou dans la ville
Ce barrage devant nous !
Ils ont mis la rue debout !
Pas n’importe laquelle :
Celle du 1er Mai
L’avenue du 1er Mai
L’avenue de la République
L’avenue du Peuple
L’avenue en porte voix
L’avenue du danger
Pour le fricot banquier
L’avenue qui dit non
Au pervers boursier
L’avenue qui dit non
Aux barons mâchoires
L’avenue de la joie
D’être ensemble et si forts
D’être ensemble et sans nombre
D’être ensemble et d’y croire
A n’en plus jamais pouvoir reculer
A n’en plus jamais vouloir plier
A n’en jamais jamais
Jamais jamais céder !
L’avenue du printemps
Aux jeunes gueules d’amoureux
Aux belles gueules entêtées
Aux vieilles gueules qui gueulent encore
Parce que ça on le sait :
On l’oublie plus !
Faut pas se taire !
A aucun moment !
Au pire il faut murmurer
Il faut faire rumeur
Sourdre un brouhaha
Rester une menace !
Faut pas un seul instant
Que ce gros ventre obscène
Enflé de ses pillages
Puisse se croire en paix
Comment va-t-on protester maintenant ?
Avec cette rue en moins
Dressée comme une potence
Au cœur de la cité
Eh bien on va y aller quand même !
On va grimper ! Tresser des cordes !
On va s’aider ! Trousser nos manches !
Tailler des planches ! Et puis des pierres !
On va tracer les plans pour un grand escalier
Ca nous prendra du temps mais on le construira
Les plus hardis, les plus agiles
Feront de l’escalade
Pour aller tout en haut crier qu’on crie encore
Crier qu’on est pas mort et que c’est pas fini !
Que nous ici on sait ce que c’est le travail
Et le courage aussi, et aussi le partage !
Que c’est plus dur pour nous toujours de se défendre
Mais qu’on se défendra et qu’on en a la force !
Et puis on y jouera dans cette rue debout
Les plus légers ou les plus fous
Feront du trapèze entre les réverbères
Les plus pressés les plus affamés
Feront des nids d’amour
Dans les arbres horizontaux
Les enfants danseront
Sur les panneaux publicitaires
Les anciens chanteront
Des chants de camarade.
Et quand tous de nouveau nous pourrons remonter
Cette rue arrachée, cette rue déchirée
Que nous aurons reprise, durement reconquise
Ils pourront nous entendre au bruit que ça fera
Au slogan du vacarme à la joie des clameurs
Au tonnerre que sera la danse sur ces marches
Quand nous serons en haut de cette rue brisée
Nous apprendrons à voler
Et nous y arriverons
Ils se seront cru débarrassés de nous
Ils seront à leurs tables en train de se gaver
Ils seront détendus leur police à leur pied
Ils seront protégés de leur justice en laisse
Ils seront dans leurs lits de sale éternité
Ils seront dans leur film comme dans leurs trafics
Tout juste content de nous avoir oublié
Nous noircirons le ciel qu’ils voulaient nous noircir
Et couvrirons la ville qu’ils voulaient nous prendre
Envahirons les toits sous lesquels ils comptaient
Vivre enfin tranquille, le peuple enfin maté
Et cette rue debout, leur unième méfait
Deviendra notre rue debout
Notre rue debout
Pour mieux leur tomber dessus !

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