Donc, jeudi, nous avions très peu d'élèves dans le collège. Certaines classes étaient complètement désertées, d'autres un peu moins. Dans la classe dont je suis la prof principale, ils étaient 6 sur 24. Ils avaient toutes leurs heures de cours de l'après-midi qui étaient assurées puisque les profs étaient là mais faute d'élèves, nous nous sommes livrés à des activités plus ludiques. Impossible, bien sûr, de faire le cours qui était prévu sachant que les 18 absents ne rattrapperaient jamais rien. Pour ma part, je les mets à faire des activités d'orthographe et de grammaire sur des sites internet adaptés. Ça permet de travailler ou de retravailler des bases qu'ils n'arrivent jamais vraiment à garder, hélas.
Hier matin, retour à la normale. Jennifer, élève de cette classe, me demande si elle doit faire un billet d'absence puisqu'elle n'est pas venue à cause de la grève puisqu'il n'y avait pas de profs. Ludovic, un autre élève intervient, et lui dit "Mais, les profs étaient là, on a même eu tous nos cours de l'après-midi."Regard interloqué de Jennifer. Je lui dis "Eh oui, vous faisiez grève mais pas nous...". Elle ajoute "Oui, mais vous n'avez pas travaillé. Quand y'a grève on fait rien."Je réponds "Evidemment qu'on ne fait rien ! On ne peut pas faire le cours normalement puisqu'il n'y a pas d'élèves."Regard toujours interloqué de la gamine qui répète "Bah oui, mais vu qu'y a pas de profs, on vient pas." Je poursuis "Oui, mais hier il n'y avait qu'une de vos profs qui était absente." Et elle :"Oui, mais de toute façon, vous n'avez pas travaillé donc, ça servait à rien de venir..."
C'est sans fin : ils ne viennent pas parce qu'ils ont entendu dire qu'on ne travaillait pas les jours de grèves sauf qu'on ne travaille pas parce qu'ils ne viennent pas ou en tout cas, pas en nombre assez conséquent pour pouvoir travailler.