Gérard Leclerc explique pourquoi il ne peut pas signer la pétition lancée par l'hebdomadaire La Vie, réagissant aux propos de Mgr Williamson (lequel a exprimé ses "sincères regrets" au Pape) :
"Mais j’achoppe dans cette déclaration sur trois lignes que je trouve littéralement inadmissibles. Je cite : «Or, la levée deux jours après (la déclaration de Mgr Williamson, ce qui est au demeurant inexact puisque celle-ci est bien antérieure et était demeurée jusqu’alors inconnue de l’opinion) des excommunications frappant les lefebvristes a créé une tragique ambiguïté, laissant à penser que Rome réhabilitait le négationnisme ou du moins le considérait comme une opinion licite voire innocente.» Il y a ici un abus manifeste qui consiste à donner raison à ceux qui prétendent qu’il est légitime de douter de la fermeté du pape en matière de négationnisme. Qu’est-ce que cette façon d’entretenir soi-même l’ambiguïté sur la pensée de Benoît XVI a propos de l’extermination du peuple juif ? Les bras m’en tombent.
Pardon d’être un peu violent à mon tour, mais ce genre de procès me fait penser aux procédés employés jadis par la propagande stalinienne pour ériger en fascistes les gens qui déplaisaient, fussent-ils le général de Gaulle ou Raymond Aron. Tout ce que Benoît XVI a écrit sur le judaïsme, ce qu’il a tenu à rappeler le jour même de son intronisation place Saint Pierre apporte un démenti formel à tout soupçon d’ambiguïté. J’admets qu’on puisse s’inquiéter des conditions de réintégration dans l’Église de personnes qui se sont distinguées par des positions violentes à l’encontre de l’enseignement de Vatican II. Est-ce une raison d’interdire au pape toute initiative, voire tout acte de miséricorde pour les convaincre de la continuité organique du concile avec la grande tradition de l’Église ? Sans doute est-ce une tâche difficile, ingrate. Mais l’Évangile nous rappelle qu’il est parfois nécessaire d’abandonner les 99 brebis du troupeau, pour aller rechercher celle qui s’est perdue. Ainsi le berger prend-il des risques.
C’est comme cela que j’envisage l’entreprise actuelle de notre pape Benoît XVI, qui mérite toute ma confiance, et en aucun cas des suspicions qui entacheraient son intégrité et sa dignité de successeur de Pierre."
Dans l'Eglise, on peut légitimement s'opposer à une déclaration de tel ou tel évêque, mais cela ne doit strictement pas être un prétexte pour attaquer le Pape.