Magazine Journal intime

En passant par le Fitz Roy

Publié le 02 février 2009 par Alainlecomte

C. veut voir toutes les plus belles montagnes du monde.

Tu voulais voir Vesoul, on a vu Vesoul, tu voulais voir le Fitz Roy, on a vu le Fitz Roy.

fitzroy.1233597522.JPG

Et ne boudons pas notre plaisir : de tout ce que nous avons vu jusqu’ici comme amas de roches, de glaces ou de neige, de tous les plus beaux paysages de montagne, de l’Ama Dablam du Népal à l’Assekrem du Hoggar, passant par les Aiguilles de Chamonix, les Tre Cime di Lavaredo et… le Mont Aiguille en Vercors (si ! si !), la vision du Fitz Roy depuis le Lago de los Tres, petit lac de réception de son glacier, est certainement ce qu’il y a de plus sublime… Le voilà. 2400 mètres de paroi à la verticale sous vos yeux ébahis (comme l’eût dit monsieur de La Palisse, les montagnes, plus on les voit de bas… plus elles donnent l’impression d’être hautes !). Gardé par ses sentinelles implacables : des aiguilles qui nous semblent imprenables et auxquelles les Argentins ont, bizarrement, donné des noms d’aviateurs : Saint-Exupéry à gauche, Mermoz et Guillaumet à droite. Plus près de son corps massif : un non aviateur, Poincenot, compagnon de Lionel Terray (qui fut le premier en 1954, à faire l’ascension, en compagnie d’alpinistes argentins), qui trouva la mort on ne sait pas trop comment semble-t-il (des plaisantins évoquent une sombre histoire d’amour pour une gauchita… en réalité plus vraisemblablement une noyade dans la rivière Fitz Roy à cause d’une tyrolienne mal exécutée – ici, pour les ignares : cela ne veut pas dire qu’il a mal chanté, mais qu’il a mal transité par le filin métallique qui joint un bord de la rivière à l’autre - ). Si vous avez la patience de gravir le raidillon qui vous conduit du dernier campement (lui aussi appelé « Poincenot ») aux berges du lac, vous êtes dans la situation de qui va recevoir, l’instant d’après, la révélation d’une mise en scène fulgurante. Bon, vous direz, après, il faut revenir. Mais c’est peut-être d’un pas un plus léger… Miracle de la montagne.

saintexupery1rz0.1233597616.jpg
guillaumet.1233597633.jpg
mermoz-1.1233597654.jpg

(Saint-Exupéry - Guillaumet - Mermoz)

Saint-Exupéry était mon écrivain préféré entre seize et dix-huit ans, il y a longtemps que je n’ai pas relu ses œuvres. Certaines me semblent un peu boursouflées (« la Citadelle », qui se voulait recueil de sentences philosophiques ?), mais pour d’autres, je parierais qu’elles tiennent encore le coup (« Courrier Sud » notamment, qui obtint, à ce que je crois, le Prix Fémina, une chose impensable en milieu aéronautique de l’époque, qui se voulait si viril… d’ailleurs on lui en voulut à Saint-Ex, de cette histoire. Mon propre père – hommage lui soit rendu en cette occasion- qui intégra l’Aéropostale en tant que mécanicien au sol en 1946 – un an

courriersud.1233597774.jpg
avant ma naissance – eut l’occasion de rencontrer des mécanos qui avaient connu le pilote- écrivain : ils avaient un peu tendance à le railler. Ne disait-on pas qu’il était tellement distrait qu’il fallait parfois lui courir après le long de la piste d’envol pour lui signaler que son cockpit n’était pas fermé ?).

Mais qu’a-t-il eu comme contact avec la montagne ?

Guillaumet passe encore : on donne en exemple aux enfants des écoles son héroïsme quand il dut marcher à travers les Andes pour se sauver lui-même suite à un crash de son avion, « ce que j’ai fait », dira-t-il…, on connaît la suite…

Mais Mermoz, ce casse-cou enrôlé dans les Croix-de-Feu du colonel de La Roque, bref, ce facho distingué, non.

Fitz Roy ? ben, c’était le capitaine du Beagle, voyons… le fameux… (avec Darwin à son bord, etc.)


Retour à La Une de Logo Paperblog