"Une histoire à boire debout" par Virginie Michelet

Publié le 02 février 2009 par Michelgutsatz


L’autre jour, j’ai décidé d’essayer de nouvelles boissons. Pas par esprit consumériste (loin de moi une telle attitude rétrograde !) mais parce que, ayant déjeuné au restaurant EXKI, j’avais entraperçu quelques bouteilles au design attirant que j’avais eu envie d’acheter sans en avoir le temps.
EXKI, pour ceux qui ne connaissent pas encore, ce sont des restaurants belges qui proposent un fast-food bio/santé qui s’accorde bien à l’air du temps, le tout dans une atmosphère bon enfant, mi resto, mi lounge. Bref, un concept qui fait de plus en plus d’adeptes, tout comme certaines boissons de type «smoothies », tels ceux de la marque Innocent, qui ont su s’adresser aux consommateurs que nous sommes et non à ceux que le Grand Commerce pensait que nous étions.
Les consommateurs que nous sommes, ce sont des gens qui aiment qu’on leur parle franchement et amicalement, comme à des adultes normaux et non à des enfants de trois ans, avec simplicité et à propos de choses simples contenant des produits simples qui ne vont pas nous dézinguer l’estomac dans un premier temps, nous faire grossir comme des outres dans un second temps et nous refiler le cancer in fine.
Quant aux consommateurs qu’on pensait que nous étions (et dont, heureusement, la crise est en train de révéler aux yeux myopes de milliers de sociétés commerciales qu’elles s’étaient trompées), donc, ces consommateurs d’autrefois, c’était bien entendu tout le contraire : des gosses à qui l’on racontait des montagnes de bobards avec des discours plaqués, des paradoxes à n’en plus finir, et surtout, une qualité de produits dont on ne pouvait pas lire les étiquettes sans devenir soit parano, soit aveugles (tellement c’était écrit en petit et tellement il y avait d’ingrédients).
Notez que je ne sais pas pourquoi je parle au passé, car vous allez voir que mon histoire de boissons nouvelles (enfin, nous y arrivons et je vous remercie de votre patience), y est tout à fait rattachée.


Donc, ces fameuses boissons, je les rencontrai quelques jours plus tard dans un autre resto sur le même créneau (bio/santé) qu’EXKI et cette fois-ci, je les achetai sans tarder. La première se nomme Carpe Diem "Botanic Water", la deuxième Firefly et la troisième Mangajo.
Je les goûtai toutes. Aucune ne trouva grâce à mes yeux, je vous le susurre franco de port et sans ambages. L’une me sembla aussi terrifiante à avaler que les médicaments de mon enfance, et les deux autres me rappelèrent ces boissons chimico-bizarroïdes de style Pitbull, euh pardon, Red Bull.
Vous me direz, mon goût est peut-être truqué, à force de manger et boire Bio en majorité. Je décidai alors de me fier aux étiquettes que jusque-là, j’avais obstinément refusé de regarder pour ne par fausser le test. On est pro ou on ne l’est pas. Je tombai illico sur les deux écueils que j’évoquais plus haut : à la fois un discours délirant pour vanter les mérites de l’Antiquité Gréco-romaine ayant inspiré les moines bénédictins dans leur utilisation quotidienne des bols ayurvédiques, et une profusion d’ingrédients aux pourcentages homéopathiques. Le tout vendu dans les restos dont je pensais qu’ils s’adressaient à des gens comme moi, que j’ai plus haut qualifiés de nouveaux consommateurs.
Pour une perte de repères, c'en était une! Du coup, je suis vite allée à Monoprix m'acheter un smoothie Innocent que j'ai avalé d'un trait.

© Virginie Michelet
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