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A propos de l'Evolution : une histoire de tas

Publié le 03 février 2009 par Voilacestdit

A propos de l'Evolution : une histoire de tas


Une histoire de Tas

A propos de l’Evolution

On ne peut pas sortir d’un tas d’atomes autre chose qu’un tas d’atomes…

Comment d’une forme inférieure passer ŕ une forme supérieure ?

C’est dans l’autre sens que ça marche…

Un tas d’atomes : est-ce qu’on peut sortir d’un tas d’atomes autre chose qu’un tas d’atomes ? D’un tas de cailloux autre chose qu’un tas de cailloux ?

Oui, mais... Un tas, qu’est-ce qu’un tas ?

Un tas, nous dit le dictionnaire, c’est Ť une accumulation de matičre, de choses de męme nature ou de nature différente, arrangées avec ou sans ordre et placées les unes ŕ côté des autres ť.

Voilŕ déjŕ bien des points de différenciations qui nous font dire qu’il y a tas et tas. Somme toute, on peut avoir un tas, de choses de męme nature - comme nos cailloux – ou un tas, de choses de nature différente ; et ces choses, de męme nature ou de nature différente, peuvent ętre arrangées dans un certain ordre, ou placées côte ŕ côte sans ordre.

Notre tas de cailloux  se révčle une figure simple du tas : un tas de choses de męme nature placées en vrac, sans ordre.

Mais qu’en est-il de l’univers ? Quelle sorte de tas était-ce ŕ l’origine ?

L’histoire de notre univers commence avec le big bang.  Y a-t-il eu quelque chose avant le big-bang ? c’est un autre débat. Disons en tout cas qu’il est convenu que nos Ť horloges cosmiques ť se mettent en marche ŕ partir d’un temps zéro, qui est précisément le top départ du big bang.

Le point d’origine de l’histoire de notre univers serait donc ce fameux big bang : une énorme explosion ŕ partir d’un état extręmement petit, chaud et dense, il y a quinze milliards d’années. Comment les scientifiques en sont-ils venus ŕ cette idée d’une grande explosion - en anglais, le big bang - le Ť grand boum ť ? En observant l’univers. En 1929, l’astronome américain Edwin Hubble note qu’une majorité de galaxies s’éloignent de la Voie lactée. Ce mouvement est ordonné, sa vitesse étant proportionnelle ŕ la distance ; par ailleurs, le mouvement est le męme dans toutes les directions Conséquence de ces deux observations : chaque galaxie a mis exactement le męme temps pour parvenir de son point d’origine ŕ sa position actuelle, et le point d’origine est identique pour toutes. D’oů l’idée d’un big bang originel, point de départ de l’histoire concevable de l’univers.

Ajoutons, ce qui est un peu plus difficile ŕ penser, que dans cet univers en expansion, si toutes les galaxies s’éloignent de nous, la Voie lactée n’est pas pour autant au centre de l’univers. Dans cet univers, ce ne sont pas les galaxies qui sont en mouvement dans un espace immobile, c’est au contraire un espace en expansion qui entraîne les galaxies avec lui. Ce qui nous ramčne au tas d’origine.

Un tas de quoi ?

Dans un premier temps la science a dit : un tas d’atomes – les atomes étant considérés comme les particules les plus élémentaires, insécables [c’est le sens męme du mot a-tome]. Mais, au début du sičcle dernier, il est apparu que les atomes étaient en fait eux-męmes composés de particules plus élémentaires : les protons et les neutrons ou nucléons. Et, plus récemment, les physiciens des hautes énergies ont réussi ŕ déceler des structures encore plus élémentaires appelées quarks, considérés jusqu’ŕ ce jour comme les particules ultimes. Le tas primordial est donc composé de quarks.

Ce tas primordial est-il ordonné ou sans ordre ? Il apparaît aujourd’hui qu’il est ordonné. Les quarks sont arrangés dans un certain ordre comme un langage. Prenons un alphabet : il est composé de lettres. En assemblant les lettres de l’alphabet dans un ordre convenu on fabrique des mots. Un typographe qui a devant lui quatre cases vides peut, dans chacune des cases, mettre l’une ou l’autre des vingt-six lettres de notre alphabet. Combien de Ť mots ť différents peut-il ainsi composer ? La réponse est : quatre cent mille ! Avec sept cases, il pourrait en faire plus de dix milliards ! Bien sűr, une toute petite partie seulement de ces ensembles possibles correspond ŕ des mots en usage.

Ainsi en va-t-il avec les quarks : comme les lettres de l’alphabet arrangées dans un certain ordre forment des mots, avec les quarks assemblés dans un certain ordre sont fabriqués des protons et des nucléons qui sont des mots dont les quarks sont les lettres. Ces particules, protons et nucléons, jouent, ŕ leur tour, le rôle de lettres par rapport aux atomes etc. On peut dire de ce point de vue que l’univers est structuré comme un langage.

 

Mais quelle est l’origine de la force d’assemblage ? Car pour associer des éléments physiques il faut une force. L’origine doit ętre cherchée dans l’explosion du big bang, qui produisit non seulement de la chaleur – une chaleur inouďe, le thermomčtre aurait indiqué 10 puissance 32 degrés – mais une formidable force d’expansion qui, unique au départ, va se transformer en trois forces essentielles qui vont intervenir dans les associations-dissociations-recombinaisons : la force nucléaire, la force électromagnétique, et la force de gravitation. Les myriades de quarks jetés dans le vide se męlent, s’entrechoquent, se dissocient, se recombinent. Ils vont finir ŕ la faveur du refroidissement - la température cosmique décroissant ŕ mesure qu’augmente l’éloignement - par former, au-dessous du trillion de degrés (mille milliards), des protons et des neutrons, qui, associés en nombre divers, formeront, quand on arrivera au milliard de degrés, des noyaux d’atomes, puis des atomes.

Les atomes eux-męmes formeront, selon le męme processus d’organisation et grâce ŕ la diminution de la chaleur, des molécules, ainsi que de minuscules structures cristallines : les grains de poussičre de l’espace sidéral. L’agglutination de ces grains de poussičre en corps solides amčnera la formation d’astéroďdes et de plančtes, ŕ la surface desquelles de nouvelles interactions moléculaires pourront ensuite associer les molécules légčres en molécules géantes, en cellules vivantes et en organismes végétaux ou animaux.

Telle est, pourrait-on dire, l’histoire de la matičre - inerte et vivante - issue de ce formidable laboratoire que constitue l’univers en expansion. Et l’homme dans tout cela ? Sa propre histoire correspond ŕ une séquence historique récente liée ŕ nouveau au refroidissement de l’univers. La vie cellulaire apparaît sur notre plančte il y a environ quatre milliards d’années. Les cellules du corps humain n’ont pas une histoire autre que celle des poussičres d’étoiles.

Mais l’esprit ? Qu’en est-il de l’esprit ? Peut-il ętre issu du tas primordial ? L’esprit est-il une émergence ultime résultant d’un état dernier d’organisation de la matičre vivante, ou est-il d’un autre ordre, au sens pascalien du terme ?

La réponse selon moi ne peut ętre que celle-ci : Si l’esprit échappe aux limitations de l’espace et du temps, il ne peut s’inscrire dans une histoire espace-temps. L’esprit appartient ŕ un monde dont nous ne pouvons rien nous représenter, précisément parce qu’il est d’autres dimensions que notre monde matériel. Prenons un espace ŕ deux dimensions et supposons que ce soit lŕ notre monde. Comment pourrions-nous nous représenter quoi que ce soit d’un espace ŕ trois dimensions ?

Un aveugle de naissance n’a aucune idée du monde des couleurs parce qu’il a toujours été privé de vue. Il n’a aucune expérience des couleurs. Et pourtant, peut-ętre pourra-t-il approcher du monde des couleurs par d’autres sensations. Baudelaire écrivait : 

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

 

Ainsi devons-nous reconnaître que l’esprit est d’un autre ordre et que nous ne pouvons rien nous représenter de cet autre ordre, - et cependant nous savons que nous pouvons tenter de l’approcher en nous mettant en résonance. Telle est la vertu de la contemplation.

Pour revenir ŕ notre tas primordial - d’oů est issue toute la matičre, inerte et vivante : ce n’est donc pas un agglomérat de choses de męme nature, mais un conglomérat de matičres de nature différente. Ces matičres ne sont point disposées sans ordre mais arrangées selon une certaine organisation. Le mode d’organisation met en évidence une structure en alphabets : la nature est structurée comme un langage. Mais l’esprit est d’un autre ordre : il échappe aux dimensions d’espace-temps de notre univers de matičre.



Article ajouté le 2009-02-03 , consulté 3 fois

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