Des fois je me foutrais des claques.
Je sais c’est mal, et puis c’est malsain de se vouloir du mal alors qu’ils sont déjà plein dehors à guetter nos moindre faux pas.
Parano ? Mais non pas du tout… et tous ceux qui auront lu les dictionnaires des tracas sauront exactement de quoi je parle… c’est vrai quoi, ce camion qui me cache volontairement et systématiquement le panneau de sortie d’autoroute… il veut que je me perde non ? Et ma clope hein ma clope… la garce voit bien qu’à chaque fois je l’allume par le siège… pourquoi elle ne dit jamais rien ?
Oh je sais, je sais je râle. Etre pomme acide n’est pas donné à tout le monde, ça s’entretient, ça se peaufine. Mais là, ce n’est même pas contre les autres que j’en ai. C’est contre moi, moi mon petit nombril soigneusement dépeluché, ma petite personne que j’aime égratigner, mon petit ego parfois malmené.
Ca ne vous arrive jamais ? Cette envie de vous secouer comme un prunier, de vous envoyer promener, de vous faire entendre raison, de vous obliger manu militari à changer de cap ?
Ne vous y trompez pas les sentiments sont profonds, je m’aime… un peu, beaucoup, mais là pas du tout. Je m’énerve, je n’en fais qu’à ma tête je n’écoute rien…
“Attends… mais non pas pour ça, là il faut foncer, soit pas cruche… “
“Soit souple, conciliante avec elle… mais non pas avec lui, là il faut que tu sois ferme, exigeante, chiante quoi ! “
“Avance bon sang, on dirait que tu stagnes là ! T’attends quoi ?… mais non ne fonce pas la tête baissée… tu vas encore te prendre un mur !”
Arg quelle tête de mule, si ça continue je vais la tuer ! Enfin je vais me tuer… heu…
Ça doit être ce qu’on appelle une crise de lucidité, ou le paludisme, un début d’Alzheimer ? Pire ? Une dépression ? Un cancer du cerveau ? Une maladie grave, peut être orpheline même… Si ça continue on lancera le Magthon en 2010… Pire c’est peut être le début de la schizophrénie… d’une psychose ? Un truc vaguement freudien ?
Apres tout je suis sensé être ma première fan, et au lieu de ça j’en suis à m’envoyer des lettres d’insultes anonymes et cruelles. Je me renie, je m’exaspère, je me contre dis, je me pardonne pour mieux recommencer. Je me menace, prends des mesures draconiennes, me prive volontairement de mes addictions, crée le manque pour me venger. Personne n’est plus dur que moi dans ces moments là.
Et en même temps je me connais, moi, mes faiblesses, mon cœur tendre. Je sais que je ne peux me détester longtemps. Je joue la montre, attends que l’orage passe. L’orage que j’ai moi-même lancé.
Et là c’est pire, je me tance de ma faiblesse, de mon incapacité à rester fâchée y compris contre moi-même, de mon manque d’autorité. Je savais déjà que j’allais droit à l’échec… elle en profite la garce, perverse et odieuse. Mais chut… je ne peux en dire plus on m’écoute, m’espionne. Je ne suis pas seule. Elle est là… ma pire ennemie, ma meilleure amie… les deux peut être.