C’était mardi soir, en rentrant du bureau et en prenant la route pour aller chercher mes pupilles… Je fus saisie par la beauté d’un tel spectacle… Bruxelles réserve décidément bien des
surprises…
Il neigeait quelques flocons lourds, dans cet intervalle de température qui induit une imprécision entre pluie et neige… Le ciel était cotonneux, des nuages fins, transparents mais denses formaient une sorte de brouillard en altitude… L’œil semblait pouvoir distinguer les micro-gouttes en suspension…
Le soleil commençait à descendre et le ciel prit des couleurs chatoyantes, dégradés de bleu, gris, mauve, rose et orangé.
Après avoir récupéré ma grande, je lui expliquai de bien regarder le ciel, le soleil étant sur le point de se coucher donnait des couleurs superbes.
Tout le long de la route jusqu’à la crèche, ma fille poussait des « Aaah ! » et des « Ooh ! », émerveillés. Je crois sincèrement que j’aurais eu le même âge, ou j’aurais seulement osé, j’aurais fait de même, lorsque nous atteignîmes la petite rue de la crèche, au bout de laquelle se trouve la bordure d’un parc.
En empruntant la petite rue, nous avions, face à nous, l’immense disque solaire, lorsque celui-ci s’apprête à atteindre l’horizon et qu’il semble s’étendre et grandir presque démesurément, comme s’il se reflétait dans un miroir grossissant.
Le soleil était un savant mélange de jaune et orangé, sa bordure presque rougissante, s’étendait en longs fils fuchsias et il semblait posé sur un ciel rougeoyant filant en maints tons de rose…
En bordure du disque, le ciel était limpide, épargné par ce brouillard localisé… Donnant à cette couleur rose une amplitude, une limpidité, incroyables. Nous sommes restées un moment à admirer le spectacle avant que je ne daigne aller chercher ma petite.
La nature est si belle quand elle s’offre ainsi en pâture. Dans une surprise totale. Je n’aurais jamais cru pouvoir un jour admirer un coucher de soleil en Belgique et en ville qui plus est…
La simplicité de ce moment-là, de ce spectacle offert, à cette heure-là et avoir le temps d’en profiter pleinement, sans course effrénée. Une pause.
J’ai récupéré la petite, je lui ai aussi expliqué la beauté du ciel qu’elle regardait d’une curiosité avide. Nous avons repris la route et nous avons longé ce ciel majestueux un petit moment avant de tourner vers chez nous et de laisser aux autres le spectacle de ce jour mourant.
Il est des moments, des instants, des pépites à saisir de différentes natures…
Savoir en jouir est un plaisir sans nom…
Un poème, pour finir, d’une beauté rare, sur le même thème…
Coucher de soleil
Les ajoncs éclatants, parure du granit,
Dorent l'âpre sommet que le couchant allume.
Au loin, brillante encore par sa barre d'écume,
La mer sans fin commence où la terre finit !
A mes pieds, c'est la nuit, le silence. Le nid
Se tait. L'homme est rentré sous le chaume qui fume ;
Seul l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
A la vaste rumeur de l'Océan s'unit.
Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes,
Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
De pâtres attardés ramenant le bétail.
L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre,
Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Ferme les branches d'or de son rouge éventail.