Dessin Stéphane Vallet
Elle l'a quitté.
Evidemment il en fait tout un cirque. Il a commencé par tout déchirer : les cartes postales d'Espagne, les morceaux de nappes en papier où des "A plus tard. Je t'aime" avaient été griffonnés à la va vite et puis il a jeté les magazines qu'elles laissaient traîner, les tubes de rouge à lèvres secs dans l'armoire de la salle de bain, sa brosse à dents, les vieux tee-shirst qu'elle a pu utiliser pour dormir. Avec rage, il a passé au marqueur noir la ligne de son nom sur l'étiquette de la boîte aux lettres avant de décider de plutôt la jeter défivitement et d'en mettre une de fortune, en attendant. Il a minutieuusement effacé toutes les traces physiques de son ex présence dans l'appartement. Ne reste que la mémoire.
Moi, évidemment, toute cette ambiance m'agace.
Ouais, il peut lui signifier violemment, avec toute la colère bête dont il capable, qu'elle est dehors désormais. En fait, elle est toujours là.
Je ne comprends pas ce qu'ont les hommes à te sortir de leur vie comme ça. Ils nous prennent, nous les femmes, pour de petites enfants dont il faut tenir la main ou le col du manteau pour traverser le passage clouté de la rupture amoureuse.
En fait, je me dis, ça doit être de l'ordre de l'orgueil masculin cette manie de déchirer et d'expédier les souvenirs à la poubelle, de mettre un couvercle dessus, un couvercle dont les hommes disent qu'ils sont hermétiques alors qu'ils sont très visiblement troués. Une façon de dire "Tu vois ce n'est pas toi qui me quitte, c'est moi qui te quitte". C'est sûr, l'orgueil est sauf (et je le dis sur un ton très très ironique). Tiens, plutôt que de s'exciter et de construire leur colère, les hommes feraient mieux de pleurer dans le métro. C'est le meilleur endroit au monde pour faire ce genre de choses je trouve.Publié par les diablotins