Un tissu contre le suicide

Publié le 05 février 2009 par Fbaillot

Le Conseil intercommunal de prévention de la délinquance proposait fort opportunément cette semaine aux élus et aux professionnels une deuxième  journée de réflexion sur le thème “Précarité et suicide“. Le sujet n’est pas a priori de ceux qui soulèvent l’enthousiasme, mais pour paraphraser un humoriste, “on peut parler de tout, mais pas n’importe comment“.

Des psychiatres, des travailleurs sociaux, des médecins, des représentants de Droit au logement, d’Agir contre le chômage, des Restaurants du Cœur ont accepté de se retrouver, de mettre en commun leurs angoisses, les multiples questions qu’ils se posent face à la détresse individuelle.

J’en retire une idée forte : nous sommes chacun à notre place susceptible de créer des liens, d’en réparer, d’en identifier. Parce que ce qui nous évite la solitude, le sentiment d’abandon, ce sont tous les fils qui nous rattachent à nos voisins, à nos collègues, à nos parents. Un fil peut se rompre, les autres le remplacent, ou le compensent.

Nous sommes tous démunis face à ce geste ultime que constitue le suicide. Et en même temps, nous savons que nous détenons une partie de la solution.

Je n’ai pas pu participer à l’ensemble de cette journée et je le regrette, parce que j’aurais aimé entendre tous ces témoignages, toutes ces interrogations, que la crise ne va qu’amplifier. En plus, comme à leur habitude, les responsables du CIPD avaient choisi d’aborder ce thème ô combien délicat très sérieusement. C’est à dire en y intégrant des séquences pleines d’humour qui permettent de mettre un peu de distance avec la triste réalité.

Je retiens une anecdote racontée avec beaucoup de verve par Philippe Deltombe, président régional du DAL.

La valse des expulsions locatives va reprendre comme chaque année, le 17 mars. C’est la loi. Et ce sont autant de liens qui se coupent, de familles qui se disloquent, de personnes fragiles poussées encore un peu plus loin vers la précarité. Philippe Deltombe sait que dans ces situations, les enfants n’ont qu’une issue : le placement par la Ddass, soit 3000 euros par mois et par enfant à la charge de la collectivité. Le DAL a fait une suggestion au préfet lors de l’expulsion d’une famille lambersartoise de cinq enfants : celui-ci aurait épargné les deniers de l’Etat en installant gratuitement cette famille dans un logement digne. Cela aurait coûté beaucoup moins cher que les 15000 euros versés chaque mois à la Ddass pour cette seule famille.

Un logement digne ne suffit pas à résoudre le drame d’une famille acculée au surendettement et à la misère. Mais c’est un sacré lien dans le tissu qui doit protéger chacun de nos enfants.