Oh ce n’est pas ici qu’on s’en plaindra tant les colonnes de ce blog sont remplies de l’exaspération consommée de ce fameux politiquement correct qui pollue à longueur de temps la marche en avant de notre société en perpétuelle crispation.
Alors le raccourci facile serait de penser que les dernières divagations littéraires de Mme Royal sont une véritable bénédiction au milieu de ce détestable formatage de l’expression.
C’est évidemment celui dans lequel les éternels "idolâtreux" de la diva socialiste se sont engouffrés en courant. Et on peut les comprendre…
Alors forcement, quand la maitresse s’adonne avec une telle fougue à cet exercice, elle déclenche la jubilation collective.
Et ça marche.
Peu importe la taille de l’énormité ou le ridicule du bon mot. Tout est bon à entendre tant que ça égratigne, cabosse, réduit, éreinte celui, celles et ceux qu’ils abhorrent.
Ségolène Royal le sait d’autant plus qu’elle peut compter sur ces aficionados dévoués, y compris quand elle les motive avec les plus grotesques niaiseries. Pour l’exemple, on constate qu’elle a parfaitement analysé leur crédulité infantile pour oser leur faire gober que les chefs de campagne de Barack Obama, illuminés par son charisme surnaturel, sont venus chercher l’inspiration dans ses grand-messes "empipoleées" et ses "woodstock" de la fraternité joviale, pour en appliquer les recettes à leur candidat.
Mieux, sa vision personnelle de l’exercice, pose, d’après elle, les fondements avangardistes des stratégies politiques du futur qui renverront les incrédules d’aujourd’hui à ses prophéties visionnaires.
Bigre…
Si nous ne savons pas plus qu’elle ce que l’avenir réserve, le présent pourrait lui rappeler que ses méthodes révolutionnaires lui ont valu le gadin présidentiel que l’on connait, et plus récemment, celui du fauteuil de la rue de Solférino.
Mais j’oubliais que ces fiascos ne sauraient lui être imputés, puisque le mal… c’est les autres.
Les autres, c’est cette coalition de paltoquets insolents perclus de haine et d’archaïsmes, ces caciques vieillissants qui n’ont su déceler en elle l’évidence.
Celle de l’incarnation vivante du renouveau socialiste, celle de la providence, de la résurrection…
Les cons…
Alors le temps est venu de la dégustation. Celui du règlement de compte et des baffes ravalées depuis des mois.
La "Femme debout" va offrir à ses disciples béats la prose qu’ils attendaient, celle dont ils pourront se repaître jusqu’à la lie et qu’ils désespéraient de voir venir.
Elle prend forme dans ce ramassis de sarcasmes imbibés de paranoïa tout aussi haineux qu’inutile.
Bien entendu, les inconditionnels y verront la saine colère d’une égérie courageuse transportée par ses valeurs et la mission impérieuse dont elle se croit investie.
Les autres se farciront un énième remake de politique poubelle dont elle a le secret, et ne manqueront pas de lui rappeler qu’elle doit à ces contorsions grotesques, l’effondrement de sa crédibilité.
Tout y passe, de l’autosuffisance caricaturale à la vanne de récrée en passant par la victimisation larmoyante, le tout sur un fond de commérage de troquet de quartier…
C’est le syndrome de Caliméro…
Ses principes bien arrêtés excluant qu’elle endosse la moindre responsabilité de ses échecs, elle s’arrange pour les affubler d’un ou plusieurs noms. François, Laurent, Lionel, Martine, bref, les autres quoi…
Une liste qu’elle égraine avec une délectation non dissimulée, remisant au rang de misérables cloportes ceux qu’elle présentait hier comme ses fidèles et brillants lieutenants de campagne.
Délicate attention…
Des pervers sexistes qui ne pensent qu’à eux, des manipulateurs sans courage ni grandeur.
Calomnie, procès en sorcelleries, trahison, tricherie, sectarisme, harcèlement… De quoi apitoyer les plus sensibles et leur faire avaler aux candides transis les couleuvres de son indignation !
Mme Royal viendrait-elle d’émerger soudainement d’une longue période de narcose cataleptique pour découvrir subitement le vrai visage du monde ? Ou tout simplement nous prend-elle pour des demeurés ?
Je pencherai pour la seconde option.
Cette collection d’invectives mal digérées par une susceptibilité maladive et un orgueil démesuré en feront sourire plus d’un. A commencer par les premiers concernés, à qui, il y a à peine deux ans, elle dressait les portraits élogieux pour en obtenir soutient et allégeance.
Ces DSK, ces Lang, ces Jospin, ces Rocard, ces Fabius, ces fidèles frères d’arme érigés comme les patriarches incontournables du parti sans qui la victoire ne pouvait se construire.
Ces honorables éléphants…
Et bien qu’ils aillent patauger dans la mare !
En langage courant, on appelle ça cracher dans la soupe. Chez elle on appelle ça "la saine colère de la femme debout".
Question de sémantique…
On passera rapidement sur le chapitre Sarkozy, ce gamin immature et amoral, boulimique, avide, cynique, provocateur, menteur, médiocre, idéologue, imposteur, m’as-tu-vu, fade et sans dimension.
En effet, rien de nouveau à se mettre sous la dent qu’on n’ait entendu mille fois dans ses "pétages de plomb" antérieurs, si ce n’est que l’homme est aussi un goujat dénué de hauteur et de fair-play.
Accusé de s’être contenté de lui offrir quelques misérables chocolats au lieu de la gratifier de son admiration pour avoir porté 17 millions de voix à l’issue de la présidentielle, voilà qui se suffit à en faire le parfait indésirable qu’elle n’a de cesse de haïr.
Terrible et implacable vérité Madame Royal : la politique, N.Sarkozy et les camarades socialistes, c’est pas le monde merveilleux des Bizounours …
Même si je ne suis pas loin de partager les jugements qu’elle porte sur la psychologie défraichie de ses petits camarades de chambrée, il faut une sacrée dose d’instabilité névrotique pour venir distribuer à tout ce beau monde ses leçons de stature politique et ses considérations sur l’éthique ou la dimension humaine en se vautrant dans cette attitude puérile d’écolière furibonde à qui on a dévalisé le cartable pour lui piquer sa corde à sauter.
Et pour la suite, si c’est dans ce déballage de jérémiades pour bizuté humilié qu’il faut aller chercher les enseignements qu'a tirés la Madone pour relancer sa carrière et repositionner son statu sur l’échiquier politique, j’en connais quelques uns qui, dans l’avenir, pourront s’abstenir de se creuser les neurones à inventer des recettes compliquées pour juguler son ascension.
Car à moins d’une métamorphose spectaculaire qui lui rendrait miraculeusement un comportement responsable et l’indispensable détachement qu’imposent les hautes fonctions qu’elle ambitionne, le seul fauteuil qu’elle pourra prétendre briguer risque bien d’être celui d’un psychanalyste compétent qui l’écoutera s’épancher une demi-heure par semaine.
Pas exclu d’ailleurs, qu’elle n’y croise pas dans la salle d’attente un certain Nicolas Sarkozy…