La semaine dernière, il avait partagé une chambre d’hôtel avec un collègue de bureau et il n’avait pu s’empêcher, comme à son habitude, de s’excuser des dizaines de fois : au coucher, au lever, en fermant les volets, en les ouvrant, en allant aux toilettes, en en sortant… Il avait aussi éprouvé le besoin de se justifier minutieusement sur la gestion de la penderie, le tic tac du réveil, ses ronflements, la lumière… Les excuses le dévoraient
Le lendemain matin, au petit déjeuner, il s’était naturellement dirigé vers la table où son collègue était installé avec l’une des secrétaires de l’entreprise, mais il remarqua que tous deux riaient en le regardant : n’étaient-ils pas entrain de se moquer de lui ?
Il préféra s’asseoir à une table, seul, près de la porte, et leur tourner le dos. Et au cas où ils lui demanderaient pourquoi il ne s’était pas assis à leur table, il avait déjà une excuse toute prête : il préférait manger en tête à tête avec lui-même le matin.