Enfin, j'ai un peu raté le début pour cause que je m'appliquais bien malgré moi à dessiner de l'abstrait sur l'oreiller à la bave.
Mais j'ai pas loupé le menu de la Saint Valentin.
Les répliques de Péri Cochin, elles méritent d'être cultes.
Quand à propos du mille-feuilles de tomate à la crème de thon, elle rétorque " S'il craque pas avec ça, quittez-le!", moi, je pars d'un rire gras, mais gras tellement je suis toujours enrhumée et que j'ai la glaire vagabonde.
Mais j'ai surtout super faim quand je me lève de la sieste.
Alors j'ai attendu la pub, en 5 minutes, facile d'avaler vite fait un sandwich au Nutella, debout, devant la télé des fois qu'un spot de pub me foute les boules.
Vas-y que je négocie un burn dans le virage entre le salon et la cuisine avec la chaussette, que j'évite la chatte étalée par terre en train de se dégratiner la moulette et que je jette deux tranches de pain de mie dans le grille-pain, position maximum pour que la pâte, elle fonde bien.
Non, j'en foutrai pas partout, je suis une femme, pas un enfant qui va faire un jeu de piste avec le Nutella entre la cuisine et sa chambre.
En deux minutes, je sais qu'il me reste 30 secondes avant que l'odeur habituelle du matin dans toutes les bonnes familles vienne envahir mes naseaux encore encombrés de mucus mais néanmoins sensibles.
Et soudain, ça sent l'ail grillé.
Immédiatement, la petite musique de L'ami Ricoré s'arrête net sur le mange-disques et j'ai les yeux qui piquent.
Mais surtout, je plonge le net dans le pot de Nutella, des fois qu'à l'usine de remplissage des pots, un intérimaire soit passé trop vite de chez Zapetti à Ferrero sans enlever ses gants.
Mais tout va bien, ça sent la sortie de l'école ou les soirées entre copines à se lamenter sur la hanche épaisse et cet enfoiré de mec qui vient de sortir avec celle à qui on prête sa cuillère à soupe pour vider le pot de 5 kilos en écoutant Céline Dion de désespoir.
Non, là, actuellement, l'ail, il est partout dans ma maison.
Mais surtout, nulle part.
Juste ça refoule la gousse absolument dans chaque recoin de la baraque.
Et à moins que je sois attaquée par une gousse géante, il va me falloir enquêter à la loupe.
Ce que je n'ai pas besoin de faire, puisqu'on a déjà passé la dizaine de spots de pub et que l'émission va reprendre.
Donc, j'active l'étalage au couteau à dents du Nut' sur le pain et je croque.
Je confirme, l'ail et le chocolat à la noisette, on a connu mieux comme mariage audacieux de la nouvelle cuisine.
Et je suis sûre que c'est pas Cyril Lignac qui dira le contraire, à moins qu'il ait envie de passer ses soirées tranquille sans clients dans son bouiboui.
Et il me faut pas douze secondes pour établir une relation de cause à effet.
Puisque c'est pas le Nutella qui pue du cul de l'ail, c'est donc le pain.
Et où qu'il était le pain avant d'être dans ma bouche?
Je me jette sur le grille-pain et te le retourne comme Thérèse jusqu'à ce qu'il se foute à table et passe aux aveux.
Cling pok.
A fait la gousse d'ail cramée en tombant sur la planche à découper.
"Bon sang mais c'est bien sûr!" que je me suis dit en claquant des doigts.
Que je venais de me rappeler que ce matin, ma chatte pourrie a tenté de bouffer le reste des nouilles dans la casserole sur la plaque de cuisson, que je lui ai hurlé dessus, qu'elle a eu un peu très peur, qu'elle a dérapé de partout, percuté la petite étagère à épices, qui s'est poutrée sur le plan de travail, déversant son contenu un peu partout.
C'est probablement à ce moment précis qu'une gousse ou une tête d'ail a dû préférer le suicide par imolation en faisant un dernier saut de l'ange dans le grille-pain qui, pour une fois était rangé là où je le demande, juste en dessous de l'étagère à épices.
Alors j'ai fermé ma gueule avec le pain frotté à l'ail et au Nutella dedans, et je suis revenue sur le canapé.