La vie désunit les familles, les amitiés, les liens…
Un départ, une nouvelle vie, un amour et on s’enfuit.
On laisse toujours des gens en route.
Ce n’est pas qu’on ne les aime plus, c’est que l’on ne peut pas emporter tout notre petit monde où l’on part…
Les choses évoluent, de longues lettres en coups de fils, de mails en visites…
Le temps file, les familles se reconstruisent, le travail, les enfants nous volent du temps.
On se retourne, on regarde de vieux clichés, on e souvient, on rappelle…
On se lance des invitations, on se rate, on retente, on laisse passer du temps.
On croit qu’on reste amis malgré la distance, malgré les heures sans complicité.
On se retourne encore, ils sont encore là. Les amis d’hier ou d’avant-hier…
On continue notre route, fiers de nos certitudes, rien ne nous séparera, le lien est trop fort.
Noué, collé, attaché.
On s’use sur nos travaux, on se raconte le quotidien, les banalités.
On se demande si on a eu le temps de poser nos congés, on se demande où passer les vacances.
On parle de la crise, on parle du monde.
On se retourne et on se demande soudain quels étaient nos rêves… ?
On en a réalisé certains, on échappe à d’autres.
Et nos amis, ceux attachés comme de la glue… Où sont-ils ?
Et ceux qui ne cessaient de vous dire :
En ce moment je n’ai pas beaucoup de temps mais dès que ça se calme je te rappelle…
Où sont-ils ?
Demain, après-demain ? Quand on sera occupé nous aussi ?
Et nos rêves ? On sacrifie du temps, de l’argent, des regards pour les atteindre… On les cache aussi parfois pour éviter les regrets.
Et puis on se rend compte que non ce n’est pas la distance qui dénoue les liens, c’est nous !
Pauvres idiots que nous sommes à ne pas avoir su entretenir le fil.
À n’avoir parlé que des autres, à n’avoir fait que voir sans regarder, sans écouter.
On se retourne et on voit quelques ombres sur les images…
Le gamin nous demande :
C’est qui à côté de toi sur la photo ?
Et là on se dit :
Mince comment il s’appelait déjà ?