Pensées de l’aube (21)

Publié le 09 février 2009 par Jlk


Du renouveau. – Le silence des choses ce matin peut être dit néant ou prière, celui qui ouvre les yeux et parle en décide, mais qui sait si elles sont moins seules d’être nommées par lui ou si c’est lui qui se console ainsi de sa solitude – qu’importe à vrai dire si c’est dit et qu’à l’instant les choses reviennent au jour et que tu dis ce qu’elles ont ce matin à dire d’inouï - tout cela était en toi déjà mais tout a bougé cette nuit et le silence des choses aurait ce matin la voix du jamais entendu…
Des éteignoirs. – Tout a été dit, t’assènent-ils pour mieux te neutraliser, toi qui demandes à vivre encore, à recevoir encore, à recevoir et à donner quand ils n’ont plus rien, eux, à recevoir et plus rien à montrer que le déjà-vu, car tout est achevé selon eux, tout est accompli, c’est à croire qu’ils sont déjà morts et pour ainsi dire ressuscités, tout étant dit ils n’ont plus rien à entendre de la vie et n’attendent plus rien de toi non plus – détourne-toi, petit, de ces mauvais apôtres.
Du fil des jours. – Et tout est à recommencer tous les jours, c’est accablant quelques instants, le temps de te retrouver au point zéro : tu crains d’avoir perdu le fil, mais non, le voici, et avec lui que tu reprends entre les dents tout se retrouve lié, tout se remet à bouger ensemble, du cendrier à l’étoile, tout te revient, toutes les saveurs goûtées et à goûter encore, toutes les odeurs des années passées et attendues encore, toutes les pensées affleurant le jour blanc ce matin encore…

Image: Philip Seelen