Enfin bon, j'ai à peu près autant d'influence sur la blogosphère que Paris Hilton sur les films d'Arnaud Desplechin, mais on va faire comme si.
Lecteur passionné, tu le sais (ou pas) (mais au moins tu t'en doutes), un jour je suis allé en maternelle. Ouais. Et ce jour-là (enfin le premier jour), je peux te dire que j'ai pleuré ma mère. Mais bien, quoi. La teu-hon intégrale, que c'était, avec le recul. Mais bon, j'étais petit, j'étais couvé, j'étais un grand sensible.
Mais dès cette rentrée 1988 (et hop, vingt ans dans les dents), mon destin était scellé. Car oui, c'est ce jour-là que j'ai rencontré par première pote... Et depuis je fréquente quasi-exclusivement des filles, ce qui m'a vachement aidé dans l'existence.
Avec ma grande pote d'enfance, donc, nous avons traversé les maternelles et le primaire ensemble, noyau dur d'un petit groupe de mini-courgettes qui devait, peu à peu, s'étendre.
Au collège, pourtant, il fallut se séparer. Non pas que l'un d'entre nous ait changé d'école, non (point du tout, j'ai fait la trajectoire maternelle / terminale dans la même école, et elle aussi, on était des vétérans). Mais l'adolescence aidant, nous étions devenus deux vilains teigneux complexés, qui se connaissaient tellement bien qu'ils savaient précisément où appuyer, chez l'autre, pour lui faire mal. Et c'est exactement ce qu'on faisait. Avec le recul, je me dis que ce devait aussi être hormonal, on n'était rien que deux tâches boutonneuses, quoi. Toujours est-il qu'à force de se charrier l'un l'autre, de manière de moins en moins bon enfant, une engueulade est arrivée, puis une autre. Les reproches aussi. Bref, on s'est rendus compte qu'on devait essayer de faire nos chemins séparément, d'avoir chacun ses amis, de passer à autre chose. Ce ne fut pas facile, j'ai bien cru que c'était terminé pour de bon. Et ce le fût, en fait, pendant trois ans.
Et un jour, au lycée, comme si de rien n'était, on s'est reparlés, on avait changé, et surtout on n'avait plus besoin de se prouver l'un à l'autre qu'on était plus drôle, plus cassant, plus sûr de soi.
C'est comme ça, les gens sortent de votre vie, et parfois ils reviennent. C'est ce qui me permet aujourd'hui de ne plus avoir (trop) peur des séparations. Elles sont dures, mais elles permettent aussi d'aller de l'avant, et parfois de retrouver l'autre, une fois que les tensions et les colères ont été évacuées.
Enfin, je dis ça pour les amis, hein. Que nenni pour le couple : quand tu es maqué puis démaqué, je suis pour une politique de rejet total, et surtout on ne recommence pas plus tard, ça sert à rien.
Enfin, bref, je t'ai paumé, avec tout ça, non ? Donc, ma grande pote d'enfance que j'ai eue puis perdue puis retrouvée, bah elle avait un grand frère. Il était vachement plus grand que nous, en fait, et il nous vannait parce qu'il était au lycée et nous en CP, qu'on perdait nos dents de laits ou qu'on avait des voix de crécelles (oui, moi aussi) (moi surtout, en fait). Il s'appelait Mathias et il était rigolo, en somme. Même si on était vachement vexés qu'il nous surnomme "Racho et Rondouillette" (pour Roméo et Juliette, hein) ou "Coyote Blafard et Outre Distendue" (nos surnoms indiens) (je t'expliquerai) (ou pas).
Bah tu sais quoi, Mathias, aujourd'hui, dans la vie, il dessine. Et il dessine même vachement bien. Je le savais depuis de nombreuses années, mais ça fait pas trop longtemps qu'il s'est décidé à faire un bloug pour que la terre entière le sache, le bougre. Alors tu me fais plaisir, tu vas voir son bloug, et tu lui fais de la pub, parce que si je contribue à faire éclater à la face du monde le talent du nouveau Plantu, avoue que ça aura de la gueule !
En te remerkiant.