Il était une fois deux ballons qui se regardaient gonfler de satisfaction. Ils comparaient leur volume, l’un enviant la couleur flamboyante de l’autre alors que celui-ci justement trouvait la sobriété de l’autre plus adéquate au sérieux de la manifestation.
Leur enveloppe fine s’élevait en
tanguant, parfois se touchant pour mieux se bousculer. C’était la course pour
savoir qui monterait en premier dans ce ciel sans nuage et finalement, ce fut
le bleu qui l’emporta. Victoire éphémère qui ne valait rien car le ballon
bariolé le rattrapa pour commencer une valse de haut et de bas ponctuée par les
seuls bruits de la flamme qui se la jouait belle.
Cramponné au rebord de la nacelle, il ne dit rien. Il a le vertige, une frousse bleue mais stoïque, il se tait de peur d’enlever toute la joie de sa Valentine qui pense avoir trouvé le cadeau idéal à l’occasion de cette foutue fête des amoureux qu’on se doit de fêter ! Il hait ces journaux et toute cette farce commerciale qui encouragent les idées les plus folles pour montrer à l’autre son amour. Et l’année prochaine, que va-t-elle lui mijoter, un saut à l’élastique ?