Je me dédouble. Je sais, ça fait pas sérieux. Ca commence par les ongles généralement. Ou les yeux, si j’ubicuite. Mon esprit s’échappe de mon corps, gêné qu’il est par cette grande carcasse. Tout comme Paco il a dit. Juste avant d’annoncer la fin du monde.
Je me dédouble. Mon moi rabat-joie, misanthrope me serinant de sa petite voix aigüe « tu vois, j’avais raison ». Et l’autre ce grand benêt primesautier, le cœur battant et les yeux pleins d’étoiles, le nez éclaté d’avoir pris tant de portes.
Depuis longtemps déjà, mon cerveau et mon cœur saccagent mon corps de Gaza, irréconciliables.
Mon premier essaie bravement de m’informer des évidences à venir, mon deuxième beugle « la, la, la, m’en fous, j’entends pas », mon troisième se transforme en jus de somate.
Mon premier coupe les cheveux en 4, mon deuxième rêvasse d’être 2, mon troisième mononucléose.
Mon tout est dépareillé. Aucune harmonie chromatique. Vulgaire. Si Karl me voyait…
Je suis mal rangée. Il faudrait que je m’asseois autour d’une table, que je me parle calmement avant qu’il y ait un mort. Que je synchronise ma diabolique trinité.
Je suis dérangée. Ils sont unis pour le pire, comment avoir le meilleur ? Il faudrait un liant, un truc imparable qui les mettent tous d’accord. Ni clou ni vis. Une noble cause ou un ennemi commun.
Les deux peut-être…