Ceux et celles d'Antinoé
Or, ce qui arrive habituellement dans toutes les grandes villes se produit
aussi à Antinoé. En effet, dans le portique de l’église, une multitude de
malades sont couchés en quête de la nourriture quotidienne, les uns sont
mariés, les autres non. Il arriva donc qu’une nuit, une femme accoucha sous le
portique en hiver. Or, le moine l’entendit qui criait dans les douleurs.
Abandonnant ses prières de règle, le moine sortit et, ayant pris la mesure de
la situation, il ne trouva personne pour aider, aussi fit-il lui-même office de
sage-femme. Il n’eut pas horreur de la souillure qui accompagne les accouchées,
la compassion l’ayant rendu insensible. Quant à son vêtement il ne vaut pas une
obole, et son alimentation le dispute à ses habits. Il n’a pas la possibilité
de se pencher sur une tablette : le sentiment d’humanité l’éloigne des
lectures. Si l’un des frères vient à lui donner un petit livre, il le vend
sur-le-champ, répondant à ceux qui le raillent : « Comment persuader mon Maître
que j’ai appris son art, si je ne le vends Lui-même pour mettre en pratique cet
art ? »
évêque Pallade : vies
d'ascètes et de Pères du désert