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Après le départ de Di Bartolomeo

Publié le 12 février 2009 par Unepageparjour

Début de Kira B. Wassa

B.

Après le départ de Di Bartolomeo, B. sentit soudain tout le poids de la nuit sur ses épaules. Il s'affaissa sur le sofa du salon, immobile, la tête douloureuse des discussions sans fin avec le vieil italien madré. L’appartement résonnait de silence. Vide, malgré Kira qui dormait, de l’autre côté des murs. Elle était belle, ce soir encore, pensait-il. Elle tenait son rôle comme il fallait. Il en était assez content. Ses emplettes avaient du sens. Sa coquetterie, pleine de bon goût, s’accordait bien avec qu’il attendait d’elle. Il avait fait un bon choix. Il se rassurait.

Les mâchoires lourdes, les jointures des os endolories, les dents grinçantes, il aurait du prendre une douche, mais le bruit, la crainte de la réveiller, la fatigue, le gardaient dans la même position, sans un geste, sous l’emprise d’une lente momification, quand les pensées elles-mêmes se transforment en sable, emportés par la brise de l’inconscient. Il somnolait, assis, le dos calé entre trois énormes coussins, les mains à plat sur ses cuisses, les lèvres juste entrouvertes, pour laisser passer le filet brut d’une nuit sans rêve.

Les premiers oiseaux le tirèrent de ce faux sommeil, par des piaillements énervés, qui frappaient contre la vitre avec insistance. D’un œil, il jaugeait l’aube encore grise, sale, à peine sortie de l’engourdissement nocturne. Il ressentait dans les côtes le mélange acide d’un mauvais positionnement et d’un repos incomplet. Ses joues grattaient, sous le poil dur de la barbe. Un verre d’eau n’étancha guère sa soif. Le second l’écoeura. L’envie d’une douche, ou des soupirs d’un bain tiède contre sa peau âcre, martelait son crâne.

Il s’approcha doucement de la chambre. Kira dormait encore, enroulée dans une position douce. Sa chemise rose, qui avait glissé avec grâce, laissait un sein rond chanter sous l’aurore. B. restait comme une ombre, dans l’embrasure de la porte, sans geste. Seul, son regard caressait les formes de l’épouse, abandonnée dans l’innocence de ses rêves. Il aimait cette chambre, cette alcôve tendre, ces tissus clairs, ces duvets cotonneux, cette femme endormie.  


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