Magazine Humeur

Désillusion

Publié le 12 février 2009 par Didier T.
Photo Aaron Hawks
J’ai passé le week-end (très rallongé) chez papa maman et j’ai failli mourir.
Il y a fort longtemps, ma mère a exigé une baignoire balnéo. C’est comme un mini jacuzzi cette baignoire ; grâce à un moteur et des tuyaux au-dessous il y a des jets d’eau qui sortent des parois. Et elle ne l’utilise jamais. Personne n’utilise jamais cette baignoire préférant les deux douches (oui, une à chaque étage, c’est très chic) ou la rusticité des vasques (lavabos ?). Mais dimanche, j’ai décidé d’utiliser cette baignoire, histoire de m’assurer qu’elle fonctionnait encore. J’ai fait couler de l’eau et de l’eau et de l’eau. Pour l’utiliser il faut que les curseurs (là où sort l’eau) soit entièrement immergés (ils sont situés très en haut de la baignoire). Grâce à un gros ballon (situé dans le sous sol), l’eau est très chaude chez mes parents ; je ne me suis pas méfiée. J’ai mis la main, je me suis brûlée, j’ai mis un pied, j’ai poussé un petit cri, mais têtue, j’ai continué à plonger mon corps dans l’eau façon spa. J’ai réglé les curseurs au minimum (puissance des jets). Je me suis pris des jets de partout, nuque, côtes, jambes, pieds, l’eau chaude remuait fort. Elle ne refroidit jamais l’eau dans cette baignoire ; elle bouge trop. De la buée s’est répandue dans toute la salle de bain. J’avais le corps tout rouge. J’étouffais. La bouteille de savon spécial baignoire est malencontreusement tombée dans l’eau. J’ai vite été débordée par la mousse. J’ai été obligée de fermer les yeux qui piquent. Pas pratique pour trouver le bouton off des jets. Par bonheur je l’ai trouvé quand même et je me suis levée pour m’enfuir de cette fournaise. Pattes coupées. J’ai insisté. J’ai sorti une jambe et je me suis écroulée sur le bord de la baignoire en poussant juste un petit cri « maman, je meurs… ».
C’était pas très audible comme cri, le cri d’une fille qui meurt de chaleur, mais elle a entendu. Le courant d’air de la porte d’ouverture de la salle de bain m’a fait un bien fou. Mais elle a refermé la porte. Elle n’avait pas envie d’avoir froid, elle. Elle m’a interrogée, m’a aidée à sortir mon autre jambe de la baignoire, je pensais qu’elle m’aiderait à sortir de cette pièce terrible pour me mettre au froid, mais non, elle a profité de ma nudité pour regarder l’intérieur de mon nombril et constaté qu’à la maternité ils n’ont pas fait un travail parfait (ça fait plus de trente ans, il y a prescription). Et puis elle est partie en déclarant que la balnéo m’avait fouetté le sang (alors que j’ai failli mourir !) et que ça fait du bien (n’importe quoi !). J’ai trouvé la force de sortir toute seule de cette pièce maléfique en ne rangeant rien (hier le guillotiné ne nettoyait pas la guillotine) et je me suis allongée sur le carrelage glacé du couloir. Mon père est arrivé un peu plus tard. Il a ouvert une porte derrière laquelle j’étais réfugiée, relayant mon corps à peine apaisé de toute cette chaleur, contre la porte des Water Closet.
- Qu’est-ce que tu fous cul nu dans le couloir ?
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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