Magazine Journal intime

Spéciale anti Saint-Valentin : Vivre à deux

Publié le 13 février 2009 par Anaïs Valente

(Paru dans l'ouvrage Anti Saint-Valentin, donc à prendre au second degré)

C'est lorsqu'Elle doit ramasser les chaussettes sales jetées à travers la salle de bains après la douche.

C'est lorsqu'Il doit déboucher tous les trois mois le siphon du lavabo, parce qu'il adore ses longs cheveux blonds (tant qu'ils sont sur sa tête).

C'est lorsqu'Elle est supposée avoir une imagination débordante et quotidienne pour concevoir des repas variés et équilibrées, puisqu'à chaque fois qu'elle lui demande « tu veux manger quoi ce soir », il répond d'un souffle exaspéré « n'importe » (à force, elle va finir par lui servir les croquettes du chat, on verra s'il se contente de « n'importe »).

C'est lorsqu'Il verra tendrement son ventre s'arrondir... et stoïquement (sic) sa libido s'aplanir.

C'est lorsqu'Elle a conscience qu'Elle ne pourra plus jamais prétendre « pas ce soir chéri, j'ai la migraine », puisqu'elle sait maintenant que faire l'amour provoque une sécrétion d'endorphines, censées calmer les douleurs.

C'est lorsqu'Il doit passer le premier jour des soldes à l'attendre devant chaque cabine d'essayage, et répéter incessamment « tu es la plus belle, tu es la plus belle, tu es la plus belle », sans pouvoir loucher sur les autres plus belles qui circulent dans le magasin bondé.

C'est lorsqu'Elle doit subir le match de foot au lieu de draguer docteur Mamour ou tout autre héros de ses séries télé préférées (un jour, bientôt, Elle aura son propre téléviseur).

C'est lorsqu'Il doit subir docteur Mamour alors qu'un match de foot décisif (comme tout match de foot) passe ce soir (un jour, bientôt, Il aura son propre téléviseur).

C'est lorsqu'Elle surprend un regard lourd de reproche si Elle prend trois grammes suite à un repas gargantuesque (il n'avait qu'à pas l'inviter au resto).

C'est lorsqu'Il surprend son regard admirateur quand le maître-nageur fait saillir ses tablettes de chocolat (lui aussi en a, des tablettes de chocolat, mais il n'en peut rien si elles fondent lamentablement depuis quelques années).

C'est lorsqu'Elle rentre d'une après-midi shopping, s'attendant à une cascade de compliments, et qu'Il se contente de « ça t'a coûté combien ? »

C'est lorsqu'Il a passé un temps dingue à faire briller l'évier, et que, malgré tout, Elle y retrouve furieusement un poil de barbe.

C'est la lutte qu'Elle mène jour après jour pour qu'Il ne jette pas ses quinze piles de vieux magazines féminins (qu'en peut-elle si elle souffre d'une magazinite aigue depuis l'enfance).

C'est la lutte similaire qui s'engage pour qu'Elle ne jette pas ses guides automobiles qui vantent encore les mérites d'un modèle tombé en désuétude depuis deux décennies.

C'est lorsque ni l'un ni l'autre ne pourra, jusqu'à la nuit de temps, péter sans scrupules au lit.

C'est lorsqu'Il prend conscience qu'il a fait vœu de fidélité et qu'à tout jamais il pourra mater la carte... mais plus jamais goûter les plats (jusqu'à ce que la mort les sépare).

C'est lorsqu'Elle subit ses sarcasmes en sortant de la salle de bain couverte de crème d'abricot et de rondelles de concombres (et dire qu'Elle fait tout ça pour lui plaire).

C'est lorsque, chaque samedi, Ils se disputent quant au choix du film à aller voir au cinéma.

C'est lorsqu'Il dit « occupe toi de TES enfants », quand Il est à bout de patience.

C'est lorsqu'Elle dit « va calmer TES enfants » quand Elle est à bout de nerfs.

C'est lorsqu'Elle voit l'agneau qui partage sa vie se transformer en loup parce qu'Il frime devant ses copains

Enfin, c'est, le jour de leurs noces d'or, lorsqu'Elle réalise qu'Elle aura dû rabaisser la cuvette des WC pas loin de 40.000 fois durant leur mariage.

Vive la vie de couple.



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