Magazine Journal intime

Accroc

Publié le 13 février 2009 par Lephauste

Personne ne semble avoir envie de voir en face qu'autour de l'accroc il n'y a plus de tissus pour la reprise. Chacun se presse auprès du costume de bois blanc, l'aiguillée entre les lèvres et le dé posé sur le majeur. Mais plus de tissus pour la reprise. Les petites mains qui hier posaient sur les marches du palais pour la photo de famille, le maroquin, le sous-secrétariat sous le coude, l'arrogance de leur sous-chef de service aux lèvres et s'enflaient de la "rupture" en gonflant leur interventions de propos sans appel. Tous ceux là sont à présent à peine plus que les va-nu-pieds qu'ils toisaient du haut des écrans. Plus assez de tissus pour la reprise, plus la peine de retourner sa veste. Le service retouches de l'Elysée annoncera bientôt la faillite et nous ne pourrons même plus fermer les frontières pour empécher comme en 1981, la fuite des capitaux, il n'y a plus de capitaux. Il n'y a plus que de la dette.

Chacun un petit échantillon entre les doigts, la dette ce grand patchwork sous lequel le deuil bientôt se portera à grands cris de pleureuses encadrées par les forces de l'ordre. Chacun un petit morceau de ce chiffon que nous appelions démocratie, pas assez grand pour y verser les larmes de rage que déjà nous ne contenons plus. Le grand mensonge capitaliste crève l'écran et ceux qui pensaient encore hier à réserver pour la saint Valant-rien un petit resto en amoureux et ceux là même qu'aujourd'hui j'ai vu courir sur les quais de la gare de Lyon en partance pour les pistes et les plaisirs frelatés de la neige à prix fort, auront demain tant de haine pour leur semblables hallucinés qu'il en faudra éfectivement de la force et de l'ordre pour asseoir le pouvoir qui vient. Le pouvoir de ceux qui ne sauront plus comment on fait pour habiller Pierre en déshabillant Paul mais qui se souviendront que dans le désarroi la masse se laisse gouverner par celui qui sait parler le langage du repli sur soi, de la haine de l'autre, de la haine de soi qui permet les camps et les lois d'exception.

J'ai préché ici, curé comme pas deux, la révolte et la révolution. Quel con ! Voilà ce que je dis maintenant. Mes codes de lecture sont usés jusqu'à la trame. Il n'y a pas de révolte qui tienne tant que les maxillaires des classes dominantes couvrent de leurs mastications pornocratiques les claquements de dents des plus démunis. Car c'est chez les plus démunis que le pouvoir ira chercher la piétaille dont elle fait ordinairement le bras armé de la répression. Les pauvres sont ainsi, un fantasme pour le petit bourgeois en mal d'intérets bien compris et puis quand à la nuit tombée on les croise vétus des uniformes de la Brigade Anti Criminalité, c'est avec mépris qu'on les toise en attendant qu'ils nous rendent nos papiers, nous avons des papiers. J'ai préché, je ne le ferai plus. Je vais m'appliquer à chercher dans les coulisses des grandes maisons de couture celui ou celle que nous armerons de notre consentement tacite, afin qu'il nous tire de là. Un chef, enfin !

Pour finir, la seule question qu'un journaliste se devrait de poser à l'actuel locataire de l'Elysée est me semble-t-il :

- Monsieur le président, quand comptez vous démissionner ?

Carla aussi je me suis trompé, ce n'est pas lui le chef que nous attendons tous. Insoutenable suspens. Un grand créateur peut-être ? Un qui saurait avec trois bouts de chiffons faire bondir la rombière, Marianne, à la fin du défilé. En attendant je vous souhaite de ne pas trop vous approcher des bords de l'accroc.  


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