{Be my Valentine}

Un soir de la semaine dernière, dans le bus qui me ramène chez moi, je suis assise en face d’un groupe de 3 adolescentes. Je fais semblant d’être absorbée par mon livre, alors qu’en réalité je suis totalement captivée par leur conversation.

Une des trois passe la moitié du trajet, les larmes dans les yeux, à expliquer à ses copines qu’elle en a marre. Qu’elle se sent inutile et insignifiante. Que même la prof de son cours de ballet l’a remarqué: elle n’était capable de rien faire correctement aujourd’hui. Son désarrois est véritable, elle ne le joue pas et il me serre le coeur. Ses deux amies essaient de lui remonter le moral, chuchotant du réconfort, un peu déstabilisées par les larmes qui coulent silencieusement sur les joues de leur amie.

A un moment donné, pourtant, le ton change. Le sujet dérape sur Pierre et les yeux de la jeune fille s’illuminent. Il lui écrit des mots d’amour sur des papiers si petits qu’aujourd’hui elle eu du mal à le lire. Par pudeur, elle n’en dira pas plus et je garde mon sourire pour moi. Mais je retiendrai, même après leur descente, le pétillement de ses yeux à la seule mention de Pierre.

Ces amours adolescents si naïfs, dénués de tic tac d’horloge biologique, de mauvaises raisons, de résignations et autres tue-l’amour, c’est à ça que je crois. Pas à ces guimauves dégoulinantes, à ces ballons en forme de coeur suspendus au plafond et autres cochonneries commerciales au rose chimique.

Malgré tout, en l’honneur des petits papiers pliés en mille et des papillons qui tournent les têtes, Happy Valentine’s Day.

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Crédit photo: rufiiina on FlickR