Le lecteur calomnié
Les moniales partirent le dire au père. Celui-ci, craignant d’être condamné
comme calomniateur, resta coi deux autres jours. La fille ni ne mourait, ni
n’enfantait. Mais, comme les religieuses ne supportaient pas ses cris, elles
coururent dire à l’évêque : « La jeune fille avoue, en criant depuis des jours,
qu’elle a calomnié le lecteur. » Alors le hiérarque envoya vers le lecteur des
diacres pour lui notifier : « Prie, pour que celle qui t’a calomnié vienne à
enfanter. » Mais le lecteur ne leur donna pas de réponse, ni n’ouvrit sa porte
car, depuis le jour où il était rentré chez lui, il priait Dieu. Sur ces
entrefaites, le père retourna chez l’évêque : on fit une prière dans l’église
mais, même avec cela, la femme n’enfanta pas. Alors l’évêque se leva et s’en
alla chez le lecteur. Il frappa à la porte, entra et lui dit : «
Eustathe, lève-toi, dénoue ce que tu as lié. » Dès que le
lecteur eut plié le genou, la femme enfanta. Ainsi la prière du lecteur et sa
constance ont eu le pouvoir de démontrer la calomnie et de donner une leçon à
la calomniatrice. Tout cela a pour fin de nous apprendre à persévérer dans la
prière et à reconnaître sa puissance.
évêque Pallade : vies
d'ascètes et de Pères du désert