Depuis quelques mois, je suis devenue addict aux sacs. Grand, petit, rouge, vert, fluo, pastel, bariolé ou uni… tout est en stock. Logiquement, là, vous êtes en train d’imaginer Lancaster, Vuitton, ou encore Longchamp. Erreur ! Je pensais plutôt à Monoprix, Carrefour, Franprix sans oublier le vrai-faux hard-discounter Leader Price.
Eh oui, cela ne vous a pas échappé, à chaque supermarché son propre sac, soit disant plus écolo, qu’on vous refourgue pour 50 centimes d’euro. Et à chaque fois, en l’achetant, vous vous consolez en vous disant que pour la peine, vous allez l’exploiter à l’infini. Sauf que la plupart du temps, vous faîtes les courses à l’improviste et évidemment, votre sac n’est pas dans votre sac (Lancaster cette fois). Comme vous ne pouvez pas faire l’équilibriste avec les courses jusqu’à chez vous, ben y’à pas 36 solutions : vous rachetez un sac. Et depuis, en plus d’avoir dépensé 3 000 dollars en sacs « écolos », vous envisagez sérieusement d’ouvrir votre propre boutique.
Il y a quelques jours, je me rends à La Halle aux chaussures. Arrivée en caisse, la dame me propose un sac. Intérieurement, je me demande pourquoi elle me demande ça vu la taille de la boîte.
Dalyna : Euh, ben oui…
Vendeuse : C’est 50 centimes
Dalyna : (Ouais ben fallait le dire avant ça…) Ah ben non alors…
Je fais de la place dans mon autre sac shopping pour caler les shoes. Scandalisée de voir que même les magasins de chaussures s’y mettent, j’essaie néanmoins de me calmer, mais la vendeuse commence à en rajouter pendant mes manœuvres.
Vendeuse : Oui, vous savez hein, faut penser à l’écologie …
Dalyna : … (range son sac)
Vendeuse : Vous savez combien de temps ça met pour disparaître un sac…
Dalyna : … (insère sa carte bleue)
Vendeuse : Faut que tout le monde fasse un effort pour l’écologie…
Dalyna, vénère : Et en quoi ça change quelque chose de payer un sac pour l’écologie ?
Vendeuse : Ben c’est pas du plastique et…
Dalyna : Ben vous avez qu’à nous les donner les sacs alors si c’est un souci écologique !
Vendeuse : On ne peut pas, on les paie.
Dès qu’il s’agit d’argent, envolées les résolutions écolos. Ce genre de discours me donne envie de mettre des claques aux vendeuses. Il faut cesser de moraliser les consommateurs en agitant sous notre nez des pseudos soucis écologiques quand ce n’est qu’une affaire de business. Non, les supermarchés et magasins qui sont passés à l’heure écolo avec leurs sacs à la noix ne le font pas dans une démarche citoyenne mais bien économique. Quel gain pour eux de ne plus acheter des sacs par millions ! Et quel gain encore de vendre des sacs de pacotille 50 centimes quand ils ont du leur coûter 3 fois moins cher ! Où est l’intérêt écologique de nous faire acheter des sacs en plastoc qui traînent par milliers dans notre placard de cuisine ?
Maintenant, même Yves Rocher, roi de la communication écolo s’y est mis. L’autre jour, j’achète un fard à paupières de la taille d’une bille et la vendeuse me dégaine un sac de la taille d’une bouteille Butagaz à je ne sais plus combien de centimes encore. Bien évidemment, en proposant ce sac, il y a toujours le discours bien citoyen (et culpabilisateur) appris par cœur qui va derrière. Ca me fait rire car le DG des magasins Yves Rocher Amérique du Nord affirme que les sacs sont vendus à prix coutants et que le but n’est pas d’en tirer profit. Primo, c’est facile d’annoncer ça tout en sachant que personne n’ira vérifier. Secundo, à voir l’insistance de la vendeuse, permettez-moi d’émettre de sérieux doutes.
Ce n’est pas que je sois insensible à l’écologie, mais j’en ai plus qu’assez de ce discours ambiant qui se veut citoyen alors que l’on sait que le plus gros à faire pour améliorer les choses ne viendra pas des petits mais des grosses boites qui polluent. Ce matin sur France Inter, Patrick Bruel était l’invité du Fou du roi, et, parrain d’une association écolo, il a déclaré : « Le problème de l’eau sera une catastrophe dans les 50 ans à venir, il faut avoir des gestes quotidiens comme éteindre l’eau pendant qu’on se rase ». Certes. Mais moi, je ne peux m’empêcher de me dire qu’on peut tous cesser le gaspillage du jour au lendemain, cela reste une goutte d’eau dans l’océan, c’est le cas de le dire. Que se passe t-il pour les puissants ? Les grosses boîtes ? Les déforestations pour faire des produits de beauté ? Les eaux polluées par les usines ? Et Total et l’Erika ? Est-ce qu’on leur demande l’heure à ces gens là ? Avec leurs bénéfices records, que vont-ils faire ? La plupart ne font que s’acheter une conscience. Parfois, elle prend la forme de quelques millions investis chez GreenPeace. Le reste du temps, cela prend juste la forme d’un sac vert fluo.