Magazine Journal intime

Dom tom

Publié le 18 février 2009 par Lephauste

Je ne suis pas là-bas, je ne suis pas de là-bas mais puisqu'ils sont d'ici, même si ce n'est pas d'ici que l'on puisse voir le mieux ce qui ce passe là-bas, je parle d'eux comme de mes frères. Un leader syndicaliste a été tué par balle, là-bas. Un homme. Une de ces sortes d'homme pour qui la résignation à l'injustice n'avait plus lieu de cité, au moins depuis l'abolition de l'esclavage. Un homme si jeune et si vieux à la fois qu'il devient par le fait du mépris dont nous ne nous sommes pas défait, le sac de colère crevé au pied de l'homme blanc. Un syndicaliste qu'une balle cherchait. Cette balle que notre ignorance a continué de fondre pour le cas où nous en serions toujours à croire que le malheur et la misère frappe toujours la porte d'à côté :

- Vous avez entendu ? Quoi ? Ce bruit de vie qui s'enfuit ! C'est rien rendors-toi, c'est chez le voisin !

De qui suis-je le voisin inconnu ? De qui suis-je le frère, l'ami, le compagnon, le camarade oublieux ? De celui là, qui vient de mourir parce que l'on ne parle pas avec le nègre, avec l'ouvrière, avec le crouille, avec le bamboula, avec le clochard, avec le repris de justice, avec le condamné, avec la pute, avec ... Avec tous ceux là dont nous avons oublié les noms et que la sociologie appliquée aux études de marché, l'humour lourd et l'avilissement de l'homme par l'homme nous ont enseignés que le concept novateur les recouvrait tous et toutes du linceul de l'analyse.

Analysons donc la situation avant qu'ici aussi les armes désordonnées fassent siffler à nos poitrines dégarnies les balles qui nous enseignent à présent que nous ne sommes pas du côté de la crosse, c'est pour nous qu'elles ont été fondues. Nous ne sommes jamais du côté de la crosse !

Un homme est mort, ce pendant que j'écris. Un homme est mort et je continue à écrire. Je ne sais faire que cela alors ? Oui, malheureusement.


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