Il est arrivé il y a un mois au bureau. Il a le dessous du bras gras, une coupe au carré gominée, un accent du sud (très sud) qu’il cache tant bien que mal avec un faux accent bourge. Quand il s’adresse à moi, il articule à fond et dit mon prénom tous les deux mots. Il me demande aussi si je vais bien à chaque fois que je le vois, même si je le vois 30 fois pas jour. D’ailleurs, il n’écoute jamais la réponse que je lui donne. Parfois, je lui dis «non, c’est la merde » et il ne percute puisqu’il répond « ah ben tant mieux ! »
Dès son premier jour dans la boite, TrouDuc l’a pris sous son aile. Il s’est surement dit qu’il avait un bon potentiel de trouduc. Et malgré tous ses défauts, je pense que Trouduc a du nez pour repérer les autres trouducs ; la boite en est remplie…
Au bout d’une semaine, brasgras a décidé de faire copain-copain avec moi… Au début, je n’ai pas trop compris… et tel un chien fou, j’ai accepté. Malgré son bras gras, les cheveux gominés et son air de ne pas y toucher, j’ai voulu croire à cette histoire.
J’ai donc accepté d’aller déjeuner avec lui mais au bout de 26 secondes alors que le menu n’était même pas posé sur la table, j’ai vu clair dans son jeu. Il était là pour me faire parler ! Il voulait tout savoir et tout connaître de mes intentions vis-à-vis de mon licenciement. Allais-je attaquer Trouduc aux prud’hommes ? Allais-je aller au Pénal ? Comment allais-je payer mon avocat ?
Il était définitivement en mission taupe pour Trouduc.
J’ai donc décidé de m’inventer une cousine avocate que je n’allais pas payer, un dossier en béton déjà prêt qui ne restait plus qu’à poster et une envie de les attaquer au pénal pour harcèlement sexuel ou moral… Je lui ai tout dit sous le ton de la confidence bien sur…
Et bien dès l’après midi, Trouduc m’a parlé sur un autre ton et a accepté une grande partie de ce que je lui demandais…
Depuis, la taupe continue son boulot et moi je joue à la conne toute la journée. Et j’ai peur de rester coincée.