Famille

Publié le 19 février 2009 par Dunia

Ma grand-tante

Un pan d’histoire s’en est allé

Je viens d’apprendre la mort de ma grand-tante Margarita, la soeur de mon grand-père maternel lui aussi décédé. Seule de cette génération à s’être installée en Suisse avec son mari et ses enfants, elle fait partie des anniversaires, des Noël et des Nouvel-An de mon enfance. Je n’avais pas beaucoup d’affinités avec elle, surtout à cause de son époux qui me terrifiait. Pourtant je me sens triste. Vidée. Un peu de mon histoire s’en va. De sa génération ne reste plus que ma grand-mère maternelle, inerte au fond de son lit, yeux clos sur ses vieux rêves, et sa soeur totalement arthritique. Quand elles partiront, la génération de mes parents s’approchera de la tombe d’un pas de plus.

Milicienne républicaine durant la guerre civile d’Espagne, ma grand-tante Margarita avait connu les geôles de Franco et la déportation*. Même si je n’éprouvais pas de tendre affection envers elle, pour avoir traversé l’horreur de cette difficile période, je l’admirais. La respectais.

Au revoir chère Margarita. Repose en paix. Tu es agnostique. Peu importe. Que tu te fondes dans le néant ou que tu rejoignes La Lumière, je suis sûre que là ou tu vas il n’y a plus de bourreaux.

*Déportation: Franco déportait dans des prisons à l’autre bout de l’Espagne certains prisonniers politiques jugés “dangereux” . Après la guerre, ma grand-tante et sa soeur Benita -une grand-tante que je n’ai pas connue- furent dénoncées par des voisins pour avoir combattu auprès des communistes, ce qui concernant Benita était faux puisque durant la guerre elle avait été une paisible mère au foyer. Elles furent déportées à la prison de Saturraran, à San Sebastian, dans le Pays-Basque, où elles furent condamnées à 5 ans d’exil. Dans cette prison on tortura ma grand-tante Benita. Margarita échappa à la torture physique, mais on l’obigeait néanmoins à entendre les supplices qu’on infligeait à sa soeur.