Le royal nation

Publié le 19 février 2009 par Armelle N

Le Canon de la Nation (suite)…

… Il est là tout proche à lui toucher le bras mais elle n’osera pas. C’est lui qui lui prend la main et l’enferme nerveusement. Le Canon fait salle comble à cette heure méridienne. Il propose un autre bistrot un peu plus loin, moins fréquenté et ils ‘y rendent ne sachant trop comment entamer la conversation. Il la trouve bien habillée. Il faut dire qu’il affectionne les blue jeans. Il fait quand même remarquer qu’elle a toujours su se vêtir selon la mode, selon son genre… C’est la première fois en tant d’années qu’il se permet de lui avouer… C’est aimable à lui…
Il l’installe en terrasse. Par les baies vitrées, le soleil surchauffe la salle. Elle rougit, elle n’ose pas le regarder en face. Qu’il est dur de soutenir le regard d’un homme qu’on a aimé et perdu de vue depuis plusieurs années. Alors, par dessus la table, il lui prend le visage pour la ramener à lui… Il sait, lui dit qu’il s’en fout qu’elle soit de cinq ans son ainée. Elle soupire, alors il plaisante pour ne pas laisser le malaise et le silence s’installer. Il a envie de la toucher et elle voit à ses gestes qu’il a appris à mieux se controler malgré sa nervosité.
En sortant, il la prend par l’épaule pour l’attirer à lui et l’embrasser avec fougue indifférent au regard des passants gênés par ces deux quadras insolents et insouciants. Deux années ont filé et elle se retrouve plaquée à  lui avec le même désir partagé, aiguisé…
S’asseoir sur un banc et parler, elle la tête sur son épaule, lui la main perdue sur sa boucle d’oreille. Il lui avoue sans lui avouer qu’il l’a vue il y a deux ans avec un autre homme et qu’il a eu mal. Il a largué son appartement dans le XVIIIème pour s’installer chez une fille rencontrée sur internet, loin de Paris, en banlieue, à Conflans Ste Honorine. Lui qui honissait la banlieue, sourit elle….“Au début c’était bien …” dit-il et puis…
Et puis… Il est passé en moto du côté de l’ Avenue Secrétan et il s’est souvenu d’une pizza hawaï partagé avec elle… C’était il y a presque quatre ans. Il se tait avant d’évoquer leurs disputes et cette impossibilité à construire quelque chose à deux, à eux…Un peu vivement, elle répond  “je sais…” Surtout esquiver le débat de leur impossible vie à deux.
Le temps s’écoule trop vite dans le sablier et ils vont devoir déjà se séparer.Il faut bien aller bosser. Ils sont troublés et savent chacun de leur côté qu’ils viennent encore de se rater. En apparence, c’est une histoire qui veut recommencer mais tous les deux ont cette conscience aigue de ce qui les sépare depuis déjà presque dix longues années, des murailles qu’ils ont soigneusement jointoyées à deux pour être certains de ne jamais poser la question à l’autre “Veux tu m’épouser ?”
Elle ne veut pas qu’il la raccompagne à Saint Lazare en moto. Elle n’est plus habituée à la vitesse. Elle veut se réfugier à l’abri de ses pensées, alors elle se laisse absorber par la première bouche de métro avant de s’apercevoir qu’elle se trompe de ligne… Elle plane…