L’infidèle

Publié le 19 février 2009 par Stella

En ce moment, je lis Balzac (Les illusions perdues), très adapté aux circonstances, et je joue, avec Kozlika , au Dis-moi dix mots.

En couleur, mes dix maux euh… mots.

Cher Anselme, quand je vous ai rencontré pour la première fois, c’était dans le couloir d’un théâtre où vous étiez venu, incognito, applaudir sur la scène une maîtresse infidèle. C’était, je crois, en 1848. Vous trainiez votre spleen avec une nonchalance feinte, triste Cidrolin loin de sa péniche. A peine les accents d’un accordéon rance vous tiraient-il de la douleur où vous vous complaisiez. Votre chemise fatiguée, où les lèvres rouge carmin de la volage actrice avaient laissé les traces de l’adieu, vous donnait l’air d’un Rimbaud échappé d’un bateau.

Je vous ai revu huit fois et à chaque rencontre, je lisais dans vos yeux la souffrance d’un génie incompris. Vous faisiez des vers. Elle ne les lisait pas. Triste Prométhée voué à un tourment sans fin, disque dur effacé sans espoir de retour, vous finissiez les verres, subrepticement, pour noyer dans l’alcool le vide de vos soirées.