Magazine Journal intime

L’Autre : un film, une actrice

Publié le 20 février 2009 par Alainlecomte

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Une femme, Anne-Marie Meyer (Dominique Blanc) a souhaité se retrouver seule afin de récupérer sa vie. Elle s’est donc séparée d’Alex, un jeune homme timide (Cyril Gueï). Celui-ci lui demeure attaché. Ils se voient en amis. Elle lui conseille de trouver quelqu’un d’autre. Il hésite, il cherche. Finalement il trouve. Là, tout bascule. Elle qui clamait sa normalité (« je suis une femme normale, je n’ai rien d’extraordinaire… »), elle qui était sereine, elle qui se voulait libre, se retrouve folle, aliénée. Elle est obsédée par l’autre. Et l’Autre, cela devient le miroir d’elle-même. Elle casse donc les miroirs. Avec le même marteau, elle tente de se casser elle-même. Voilà en peu de mots le récit de ce beau film (de Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic), tiré d’un roman d’Annie Ernaux (« l’Occupation »), auquel, me semble-t-il, le cinéma ajoute une dimension. Car la voix off coule sur le film, telle un univers de mots sur un flux continu de signifiés potentiels, avec le hasard, ici et là, d’une rencontre. C’est cela que permet le cinéma, quand c’est réussi. Et lui seul. On peut voir autre chose que ce qui est dit. Pourquoi un « ça » par exemple s’arrête-t-il à la fin sur un masque de mode ? que veut-on dire ? une critique des apparences ? Beaucoup de choses sont suggérées dans ce film plutôt que montrées et même que dites, c’est en cela qu’il tranche avec la production ordinaire (qui serait plutôt… « pédagogique »), ainsi de la soirée avec Max, un vieil ami, dont on sent bien qu’elle tourne au fiasco. Un naufrage. En contrepoint, des personnages secondaires surgissent, à moitié muets. Entre le pauvre chômeur qui fabrique des étoiles dorées et en offre, et la dame alcoolique qu’Anne-Marie envoie à l’hôpital psychiatrique (elle est assistante sociale, c’est son rôle), celle à qui elle dira plus tard, quand elle sera « guérie » : « je vous préférais quand vous étiez folle, maintenant… vous avez l’air foutue », c’est l’humanité extérieure qui frappe aux volets de notre enfermement mental.


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